«50 ans, 50 oeuvres, 50 ans de création»
1953-2003
du 23 au 28 septembre 2003
L'association la galerie du Haut-Pavé présente pour ses 50 ans, 50 ›uvres - une par année - témoins des expressions qui ont marqué la deuxième moitié du 20ème siècle, mais aussi, témoins sociologiques et historiques à travers les nationalités des artistes exposés.
Nous vous proposons de parcourir 50 années de choix artistiques, 50 ans d'engagement auprès des artistes, 50 ans d'échange entre les artistes, les collectionneurs, les amateurs qui soutiennent l'activité de la galerie.
Les oeuvres exposées à cette occasion, ont été prêtées, pour la plupart, par des collectionneurs qui ont suivi les premières expositions personnelles de la galerie du Haut-Pavé entre 1953 et 2003.
Le Vierge, le vivace et le bel aujourd‘hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d‘aile ivre
Depuis cinquante ans, la Galerie du Haut-Pavé a adopté la conviction de Mallarmé sur la contemporanéité, du moins au niveau des épithètes qu‘il lui applique.
Les terres labourées par les artistes sont toujours aussi vierges et, en dépit des déclarations emphatiques et médiatisées de quelques pisse-vinaigre jouissant d‘une notoriété souvent aussi passagère qu‘usurpée dans le Landerneau des autorités artistiques (comme si l‘art pouvait se plier à une quelconque autorité !), la peinture, la sculpture et les autres formes d‘expression plastique ne sont pas mortes et gardent un immense potentiel de découverte et de révélation. En témoignent à l‘envi la surprise et l‘intérêt toujours renouvelés de nos visiteurs à chaque vernissage.
Vivace, l‘art contemporain l‘a été, l‘est et le sera, à la manière de ces herbes folles que nul printemps tardif, nul frimas persistant, nulle intervention humaine, nul herbicide foudroyant ne peuvent éradiquer. Entre les pavés disjoints, à travers le bitume des trottoirs, là où on l‘attend le moins, l‘herbe jaillit et renaît, semblable dans son essence et différente à chaque éclosion. Il en est de même de la création plastique contemporaine, que nulle contrainte - pas même la plus dure : l‘indifférence - n‘a pu, ne peut et ne pourra étouffer.
D‘aucuns ironisent, depuis près de deux siècles, sur les critères du beau dans la création contemporaine. Ils n‘ont toujours pas compris que la beauté n‘est plus celle des chromos surannés et désuets. C‘est, depuis longtemps déjà, celle que Lautréamont comparait à la rencontre fortuite sur la table de dissection d‘une machine à coudre et d‘un parapluie. La beauté contemporaine est attentatoire à l‘usage, aux routines et partage, de ce point de vue, bien des caractéristiques avec l‘attentat aux bonnes m›urs ou à la pudeur.
Tout son col secouera cette blanche agonie
Par l‘espace infligée à l‘oiseau qui le nie.
Cependant, autant Mallarmé se fait l‘écho, le chantre, d‘une totale et distante indifférence au présent, autant la Galerie du Haut-Pavé se comporte comme un résonateur hypersensible, privilégié, pertinent et efficace de l‘aujourd‘hui dans toutes les formes de l‘expression plastique.
La liste des artistes qui, depuis la géniale initiative du père Gilles Vallée, ont fait leurs premiers pas au Haut-Pavé parle d‘elle-même. Pour qui en douterait encore, les oeuvres rassemblées pour cette manifestation en sont un témoignage criant, souvent poignant, toujours sincère, la marque d‘une indispensable, constante et inflexible passion d‘exigence, seule garante de la crédibilité et de la pérennité de ce qui est devenu un des acteurs clé dans le vrai - pas celui des sycophantes officiels - paysage de l‘art contemporain en France.
Le choix a été difficile, souvent arbitraire et probablement injuste pour tous ceux dont les ›uvres ne sont pas présentées. Nous avons délibérément opté pour des pièces appartenant au fonds de la Galerie ou dont des prêteurs, proches de la Galerie, ont bien voulu se séparer pendant quelques jours.
L‘accrochage est chronologique, du moins en ce que les ›uvres sont présentées dans l‘ordre de la première exposition de leur auteur au Haut-Pavé. Mais, comme nous ne voulions à aucun prix sombrer dans la muséographie - antithèse de la contemporanéité - ni dans une quelconque nostalgie - refuge des aveugles au bel aujourd‘hui -, nous avons délibérément brisé cette ligne chronologique en présentant, çà et là, des oeuvres plus récentes des artistes concernés.
Le résultat est sous vos yeux. Jugez-en vous-mêmes... Mais ne vous attardez quand même pas trop. Bien sûr, la quinquagénaire est toujours aussi fraîche, dynamique, à l‘écoute de toutes les vibrations du temps, mais ce qui importe le plus... ce sont les cinquante ans à venir...
Viens, métamorphose éburnée des lilas et des roses,
Printemps à moitié clos qu‘effleure le vent nouveau ;
Je n‘oublierai jamais les nuages d‘automne,
Ni les rayons refroidis,
La passion d‘exigence.
Louis Doucet