Élise Beaucousin
"Si vous patientez, c'est que nous prenons le temps de regarder des images"
24 avril au 26 mai 2007
Élise Beaucousin
Formation | |
---|---|
2001 | Diplôme National Supérieur d'Expression Plastique (DNSEP) - option Art - félicitations du Jury |
1999 | Diplôme National d'Arts Plastiques (DNAP) - option Art |
Expositions/ Résidence | |
2007 | Exposition personnelle "Si vous patientez, c'est que nous prenons le temps de regarder des images". Galerie du Haut Pavé, Paris |
2004 | Installation pour un spectacle. Collaboration avec une danseuse, Blois Installation pour une performance. Collaboration avec une danseuse, un peintre, un écrivain. Galerie du singe, Blois Ouverture des ateliers d'artistes, Blois. |
2003 | Exposition collective "Temps de dessin", Espace Daviers, Angers Ouverture des ateliers d'artistes, Blois |
2002 | Résidence, Fondation Virginie Janssens, Lot |
Collection | |
Artothèque d'Angers - Acquisitions 2005 |
Las Vegas, 2005, mine de plomb sur papier,155x110
cnc (centrale nucléaire chinoise), 2006, mine de plomb et crayon de couleur sur papier,155x110
Radiographie 1, 2006, mine de plomb sur papier,50x59
Éléments de cartographie 3, 2005/2006, mine de plomb sur papier,42x30
Éléments de cartographie 24, 2005/2006, mine de plomb sur papier,42x30
Dans une époque d'hurlements, le travail d'Élise Beaucousin parle, nous parle.
Il parle avec des oeuvres qui sont toutes prises par la pratique de l'écriture, qui sont écriture. Il ne s'agit pas d'une écriture comme simple chaîne de symboles. L'écriture ici est plutôt une partition, se compose comme une cartographie. Élise Beaucousin ne nous sert pas sur un plat une image cryptée par l'écriture, elle nous écrit, plutôt, une guide soigneuse, pour aller nous-même explorer le paysage.
Ses oeuvres sont certes porteuses de plusieurs références et dates artistiques. Traces de voyages, en France, en Chine, par les tableaux de Léonard, l‘étude de l'anatomie... Mais on est loin, ici, d'un langage qui s'enferme dans ses sources, dans l'exercice rhétorique de la citation qui tant fait étouffer l'art contemporain. Les références sont seulement des appuis pour élaborer, construire, proposer, voire aussi donner du plaisir.
Élise Beaucousin présente un travail de maturité, car elle nous mène dans une expérience qui se joue sur plusieurs plans. On prend le plaisir de se perdre dans les détails, en suivant une invitation au voyage personnel, exactement comme quand on libère l'imagination face aux formes des nuages. L'écriture, alors, se fait petit geste d'indice, qui se répète, chaque fois dans une direction différente. Mais, en même temps, on ressent clairement le puissant geste du dessin, avec sa vision d‘ensemble, ferme et simple. On passe donc de l'attitude anatomique, analytique, qui nous porte sur les pistes intimes du récit biographique, à l'attitude classique du paysage "objectif", dont l'éloquence demeure habitée par le travail constructif des milliers de petits gestes.
Il faut du temps pour faire l'expérience pleine de l'unité de ces deux plans, d‘anatomie et paysage, de l'anatomie du paysage et du paysage anatomique. Les dessins réclament leur temps comme une cartographie réclame le temps du voyage. Tout cela se croise parfaitement avec l'inspiration "musicale" du travail d'Élise Beaucousin, qui est constamment à la recherche explicite de la vibration, du timbre émotif, en exposant en même temps la solidité humble de la partition. Dans ce sens, ce que j'aime le plus de ces oeuvres est le fait qu'elles sont penchées naturellement vers le futur, vers la continuation de l'expérience qui jaillit d'elles. Comme quand on suit une partition musicale, face à ces dessins on a envie d'y rester, en prolongeant la perception, à l'écoute, en découverte. Pour cela, je voudrais parler ici de "dessins performatifs" : c'est à nous d'exécuter la partition.
Je suis vraiment content de rencontrer un discours artistique qui ne se résume pas dans un déclic mental instantané, ou dans l'étonnement qui s'épuise dans un "wow !", mais un discours qui nous réclame, délicatement, et réclame son temps, en nous faisant bousculer la perception sur plusieurs plans, un discours qui finalement ose parler aussi de plaisir.
Casagiove, 18 mars 2007, Giuseppe di Salvatore