Valérie Blin-Kaddour

"vraiment réel"

2 février au 13 mars 2010


Valérie Blin-Kaddour

Née en 1974 à Rambouillet
16 rue Benjamin Delessert
93500 PANTIN
06.60.16.70.08 / 01.57.42.36.88
kaddour3@wanadoo.fr
http://vblin.Kaddour3.free.fr

Formation
Décembre 1997 : Diplôme national supérieur des Beaux-Arts de Paris (D.N.S.A.P) en dessin/peinture. Ateliers de C.Viallat et B.Piffaretti.
Expositions
2010Galerie du Haut-Pavé
2007« Tension à 4 temps », Galerie 1ère station, Paris
2006Galerie Jean Fournier, Paris
Salon international de Vitry
2005Salon de Montrouge
2004Galerie Jean Fournier, Paris
« Lost in translation », Ampersand Gallery, San-Francisco, U.S.A.
2003« Points.Tirets », centre d’animation les Halles-le Marais, Paris
« Mutations », Espace Kiron, Paris
2001« Rencontres n°18 », La Vigie, Nîmes
2000« Carte blanche à Claude Viallat », Galerie H.D. Nick, Aubais
Galerie Yoshi, Paris
1998« Va le faire Voir ! », ateliers de Pantin
1997Présentation du M.F.A Programm, Hunter Col­lege Gallery, New-York, U.S.A.
1996Salon international de Vitry
Bourses
1995Hoschule des Kunst de Dresde, RFA
1997Hunter College à New-York, USA

Blin-Kaddour

Blin-Kaddour

Blin-Kaddour


Ma démarche
La peinture abstraite que j’exerce pourrait s’apparenter à un travail formaliste ; ma préoccupation est principalement le tableau.
Ce qui m’intéresse sont les matériaux qui le composent. En effet, la surface a autant d’intérêt pour moi que la structure du châssis, le tissu utilisé, la tranche, les agrafes qui pointent et rythment la longueur, la largeur… Les composants du tableau ne sont plus alors les supports ou les accessoires d’une forme abstraite ou figurative, ils sont matériaux sensibles, qui reviennent à la surface de la plupart de mes peintures.
Ce que je peins à moins d’importance que la question « Comment faire ? » et comment agir sur le tableau en tant que cadre de la peinture. Déformer, biaiser, laisser transparaître, brouiller, etc.… autant d’expériences possibles, renouvelables, juxtaposables d’une toile à l’autre.
Mes tableaux sont des compositions simples, épurées, une sorte de « plomberie » de peintures : structures, articulations entre le tableau physique et l’espace de représentation ; je prends par exemple le châssis comme gabarit, dont je peins la forme... Réification qui transforme ledit châssis en motif!
Depuis longtemps j’emploie des fragments de toile pour simplifier mon travail et le réduire à l’essentiel de sa composition, afin d’en épurer la surface de toute imagerie ou narration. La facture, le geste passent alors par la découpe : je coupe un fragment de toile qui m’intéresse, ce qui nécessite la fabrication d’un châssis sur mesure… Cadrer c’est choisir, cibler ou encore fragmenter sans nécessité de coupe dans la toile à l’aide de pointillés. Rappel des patrons de coutures, de la cartographie.
Avec la « série rose » le fragment est devenu une méthode : la peinture précède le cadre, le tableau. Le prétexte est un objet ( équerres en bois rappelant le châssis sous une autre forme), une forme simple, peinte ou plutôt relevée sur une toile libre qui y est agrafée et qui va en conserver les reliefs, l’empreinte de la tension du tissu. La surface alors peinte, vise, je l’espère, à déformer le cadre, du moins à le déséquilibrer.
Il n’y a pas de savoir-faire particulier mis en œuvre : la simplicité de la composition est relayée par une économie de moyens, une gestuelle directe et modeste si possible. Le blanc est omniprésent, il rappelle la toile pré-enduite, la marge, l’inachevé ou encore les enduits dans le bâtiment – ni fait ni à faire-
Ce lieu de tension, l’espace entre l’ébauche et le travail fini, m’intéresse, me fascine… Ainsi surveille Médée, suspendue dans ce moment d’effroi précédant l’acte, d’une tension incroyable, telle que la décrit Pascal Quignard dans « Le Sexe et l’effroi ».Un tableau fini, proche d’un objet lisse et poli m’attriste car il semble renier tout ce qui s’est échafaudé pendant sa fabrication. Mon travail est une sorte de processus ininterrompu, où le tableau est à la fois objet, sujet et lieu d’expérimentation picturale. La partie n’est pas finie, et je peux toujours rejouer.

Valérie Blin-Kaddour


... « Entre la présence et l’absence, la lecture se fait discontinue. Les espaces vierges, les blancs entre chaque segment / les pointillés dans le texte/, les traces parfois matérialisées en négatif par des petits trous, des perforations circulaires, marquent eux aussi sans cesse cette échappée. Y fait parfois écho une pluie d’empreintes d’agrafes – celles dont Valérie Blin-Kaddour se sert à l’envie et de manière volontairement exagérée pour fixer sa toile sur un châssis – qui bat la toile au rythme d’un « écoute tomber les liens qui te retiennent en haut et en bas. » (Guillaume Apollinaire, « Il pleut », Calligramme, 1925).
Peut-être faut-il regarder encore autrement et comprendre ces traces comme celles que les couturières dessinent sur le tissu à l’aide d’un patron ou des papercrafts, ces surfaces de plans développables où sont indiquées les formes à plier ou à découper, celles encore à venir. Celles par exemple d’un rose à la fois baveux et laiteux que Valérie Blin-Kaddour fait ensuite sortir du mur, telles les équerres d’introuvables étagères. Une forme donc qui devient support et c’est toute la tradition « supports/surfaciennes » qui affleure. Cette famille revendiquée où la peinture est un peu rude, un peu raide, un peu sèche, à l’image de la toile utilisée, brute, sans apprêt, affranchit de son cadre, le détournant, le malmenant, le gobant même. Une peinture comme en phase patiente, et obstinée tout à la fois, d’extra-territorialisation.

Stéphanie Jamet-Chavigny, extrait du texte « Valérie-Blin Kaddour. Trouver l’autre territoire de la peinture. »2009.

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