Carte Blanche à Éric Suchère
L'effet boomerang
Corinne Chotycki - Fabien Perani
du 7 au 18 décembre 2010
Corinne Chotycki
Formation | |
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2003 | Diplômée de l‘École Régionale des Beaux-Arts de Saint-Étienne |
Expositions personnelles | |
2008 | Les nouveaux symboles, bei Bogner, Esslingen a. N. (D) |
2006 | Bas-reliefs, Kunstbetrieb, Karlsruhe |
2005 | Illusions sur mesure, Poly Galerie, Karlsruhe |
2004 | Exposition à la Staatlichen Akademie der Bildenden Künste, Karlsruhe |
Expositions collectives | |
2009 | Ricochets, carte blanche à Éric Suchère, Maison d'Art Contemporain Chaillioux, Fresnes Regionale 10, Kunsthalle, Bâle (CH) Unternehmung Zwei, von Kraft Projekt, Karlsruhe UND#4, Nancy Halle, Karlsruhe |
2008 | Kleinere Arbeiten, Raum 500, Munich (D) Regionale 9, Kunsthaus Baselland, Muttenz (CH) UND#3, Karlsruhe |
2007 | Ernte’06, acquisitions du Canton Basel-Landschaft, Kunsthaus Baselland, Muttenz (CH) |
2006 | Dem Affen Zucker geben, un projet d'Angelika Arendt, Jörg Baier et Corinne Chotycki, Karlsruhe Regionale 7, Kunsthaus Baselland, Muttenz(CH) |
2005 | Große Kunstausstellung NRW, Düsseldorf (D) |
La nuit la ville (II), 2010
90 x 110 cm – tempéra sur toile
Chinoiseries, 2010
90 x 110 cm – tempéra sur toile
Fabien Perani
Formation | |
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2000 | DNSEP (félicitation du jury) à l’École des Beaux-Arts de Saint-Étienne |
1998 | DNAP art à l’Institut Français de Thessalonique, Grèce |
Expositions personnelles | |
2009 | Peintures, Philippe Durand encadreur, Saint-Étienne |
2006 | Peintures, exposition à red district, Marseille Galerie du tableau, Marseille |
2001 | Art primeur, Néon, Lyon Vitrine, Où, lieu pour l’art actuel, Marseille |
Expositions collectives | |
2008 | Marseille now, galerie NewB, Shanghai Marseille/Chengdu, Art center, Université de Chengdu N°3 transfer, 20 ans de District, Marseille Arteum museum : sélection de 17 peintres du Prix Mourlot depuis 1996 |
2006 | ESBAM, Prix de peinture Jean-Michel Mourlot, Marseille |
2004 | 49ème Salon Européen des Jeunes Créateurs de Montrouge Collectif six + 6, Biennale Off de Design de Saint-Étienne |
2003 | Jeune Création 2003, La Villette, Paris Snug, Linda Roux, Jérôme Dussuchale, Fabien Perani, Saint-Étienne |
2002 | À l’Assaut de la menuiserie, Saint-Étienne |
2001 | Art primeur, à la galerie Néon, Lyon Quartier d’octobre, résidence d’artiste aux Subsistances, Lyon Art dans la ville, Saint-Étienne Transat s’expose, Saint-Étienne |
Map, 2008
100 x 80 cm – Peinture acrylique, litière sur toile
Code de conduite, 2006
40 x 40 cm – Peinture à l’huile
L’effet boomerang
BLAM !
La peinture de Corinne Chotycki, à première vue ou à vue de nez, est une sorte de cocktail dans lequel seraient mélangées de la peinture allemande façon Wolfgang Gäfgen ou Jörg Immendorff avec de la peinture française façon Francis Picabia ou Michel Gouéry. C’est-à-dire figuration romantico-expressive plus idiotie et mauvais goût au carré de l’image. Mais, si ces comparaisons permettent de se rassurer et de s’y retrouver devant une proposition nouvelle, elles ne rendent pas fidèlement compte de la spécificité de ce que l’on voit, ni du caractère improbable d’un tel mélange...
BLAM !
La peinture de Fabien Perani est grasse, très grasse et pleine d’effets, un surplus d’effets, une surabondance d’effets de surface et cette surabondance produirait la même impression qu’un texte qui serait bourré d’adjectifs : il ne pourrait en sortir, a priori, qu’une indigestion, à moins de penser que cette farce trop riche soit non seulement voulue – en cela un effet de style où l’indigestion est revendiquée – mais nécessaire, nécessitée par la peinture et par son sujet...
BLAM !
La peinture de Corinne Chotycki traite d’images improbables : clocher pénétrant dans des fesses orange, forêts sombres et couchers de soleils et grottes avec jets d’eau plus instruments de musique, cygne dans une mare abstraite, tourne-disque intégré à une architecture élémentaire, trompette d’où pendent deux clochettes de bouffon… donc, toute une imagerie fantasmatico-onirique hétéroclite et monstrueuse qui frappe par son non-sens...
BLAM !
La peinture de Fabien Perani est une peinture de sujets : des paysages principalement, des paysages de près, de face, traditionnels, des paysages de loin, de haut, façon Google Maps, des paysages décomposés façon puzzle, des paysages de peinture, souvent faussement naïfs ou dans une approximation enfantine de la représentation, des paysages tellement simples qu’ils en deviennent souvent abstraits, ne mettent plus en place que des signes, des équivalents lointains du paysage, que l’on lit comme paysages mais que l’on ne reconnaît plus vraiment comme tels…
BLAM !
La peinture de Corinne Chotycki n’est pas qu’image. Ainsi, le clocher pénétrant deux énormes fesses s’intitule Abstraction érotique (le clocher) (2008). Toute une partie de la peinture est peinte avec des surfaces modulées et transparentes d’une grande subtilité chromatique. Une peinture qui s’intitule Le hibou (2008) ne garde du hibou qu’une structure et articule des plans delaunesques sur un fond de projection de gouttelettes multicolores. Les forêts et paysages mélancoliques du Paravent (2008) sont articulés avec des instruments de musique qui se métamorphosent en jeux de surfaces amorphes. Il est difficile de voir l’ornithorynque dans la peinture du même nom. Quant à Pils (2008), il s’agit tout bonnement d’une peinture abstraite…
BLAM !
La peinture de Fabien Perani oppose à la vacuité des représentations et des images, des paysages et de leur multitude, le trop plein de leur exécution ou, plutôt, il comble la vacuité de ces images trop vues sur lesquelles on ne peut rien vraiment dire avec cette richesse exagérée des effets picturaux, du traitement de l’image : Houston Chicago (2005) avec ses irisations de sapin de Noël, Map (2008) avec sa croûte de litière peinte, Habitude (2007) avec l’opposition violente et non préparée de couleur et de noir, Offshore (2007) avec son effet de collage… Aucun effet n’est véritablement à lui, aucun effet ne pourrait caractériser ce que l’on appelle un style. Ils se déploient à volonté et l’on pourrait dire que Fabien Perani est, à lui seul, un logiciel de retouche d’images et les dernières peintures, comme La mer comme mesure (2010), les confrontent tous ensemble, ces effets, en composant un patchwork d’images donc de surfaces…
BLAM !
La peinture de Corinne Chotycki marie la carpe et le lapin mais ce n’est pas par plaisir du mauvais goût et de l’idiotie – même si je suppose que Corinne Chotycki doit parfois bien rire devant les images qu’elle produit –, c’est par plaisir de l’analogie. Les passages multiples entre figuration et abstraction sont des analogies qui peuvent donner des formes figuratives ou des formes abstraites. Une manière de poser la couleur peut devenir un cygne ou un cygne peut devenir une étendue de coups de brosses. S’il y a un fonctionnement qui peut rappeler le surréalisme, la comparaison la plus juste serait celle de la paranoïa-critique – une lecture paranoïaque de l’image produite permet d’en considérer une deuxième. Mais s’il y a quelque chose qui éloigne cette peinture du surréalisme, ce sont ses considérations picturales. En cela, cette peinture est très formelle. Il ne s’agit pas de provoquer l’image par une méthode, il s’agit de produire par son intermédiaire des effets picturaux improbables. Elle provoque, ainsi, un effet boomerang…
BLAM !
La peinture de Fabien Perani réussit à créer, dans la relation entre l’image et des surfaces qui ne lui conviennent pas, dans l’idée de la multiplicité des surfaces, dans l’hétérogénéité de surfaces rendant compte d’une image souvent banale – quoique ! –, un formalisme – au sens littéral, pas au sens greenbergien du terme – figuratif ; un formalisme figuratif où l’image devient indifférente à condition qu’elle permette de créer des effets picturaux improbables. Ce travail provoque, ainsi, un effet boomerang. On croit juste voir une image et, en fait, on voit une peinture.
BLAM !
Éric Suchère, novembre 2010