Patrick Coeuru
Peintures
du 14 mai au 8 juin 2002
Patrick Coeuru
Expositions | |
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2002 | Peintures, Galerie du Haut-Pavé, Paris |
2001 | Histoire en noir et blanc, Local 77, Paris Jeune Création, Grande Halle de la Villette, Paris L‘art vous interpelle, Salon d‘art contemporain d‘Angers La Micro, exposition organisée par Jeune Création, Local 77, Paris Corinne Petitpierre, Yvan Clédat, Patrick Coeuru, Galerie ICI, Paris |
1997 | Galerie La Malterie, Lille |
1996 | Patrick Coeuru - Christophe Macé, Paris |
1995 | Un jour - un lieu au théâtre des Louvrais, Cergy-Pontoise |
1994 | Un jour - un lieu au Fort d‘Aubervilliers, Aubervilliers Z2 - un jour - un lieu, Entrepôt Z2 de la SNCF, La Courneuve |
1993 | Caroline Pouzolles — Patrick Coeuru, Le Hangar, Le Bourget |
1992 | Tremplin des arts, Niort, Scène nationale Théâtre des arts, Cergy-Pontoise |
1990 | Biennale des arts, Conches |
Sans titre
acrylique sur toile 300 x 82 cm
Peindre sans image
La peinture de Patrick Coeuru est sans image. Non seulement parce qu‘elle est abstraite, mais parce qu‘elle est sans mémoire de son processus de fabrication et ne se veut l‘écho d‘aucun ailleurs ou motif extérieur. En fait, peu importe que cela soit abstrait ou non puisqu‘il s‘agit d‘une pure technique qui se répète et s‘enroule sur elle-même sans autre projet que de faire naître la forme ou la nébuleuse de formes qui commande le geste et qu‘on ne parvient jamais vraiment à saisir. Ce n‘est donc rien. Rien que des accumulations de taches, de traces et de marques pas très éloignées des mains et d‘empreintes de nos ancêtres du néolithique.
«Seule la magie de l‘empreinte suffit à ma jouissance», dit-il semblant s‘attacher à une pratique de la peinture débarrassée du trop-plein d‘élégance ou d‘habileté.
La toile est posée au sol, maculée par drippings successifs puis recouverte de papier de manière à pouvoir tamponner à la main la matière, à écraser ici ou là les taches et les filets d‘acrylique noire. Découverte, elle est ensuite lavée à grand jet, grattée, poncée avant que le séchage ne s‘achève complètement. En fin de compte, il ne reste plus rien de l‘expressionnisme du dripping initial. La peinture est comme vidée de ses artifices habituels. D‘ailleurs l‘opération va se répéter jusqu‘à ce que tension et désir s‘épuisent.
Pour autant le geste n‘est pas mécanique, l‘esprit jamais absent. L‘attention aux matériaux est constante, aussi vigilante à ce qui s‘affirme par la présence qu‘à ce qui se révèle en défonce, en réserve de la couleur. Si l‘on songe à Pollock ou à Louis, il faut se garder ici des catégories matériologiques de l‘expressionnisme abstrait des années soixante. L‘art de Patrick Coeuru relève plus du rituel que du process. C‘est davantage vers l‘Extrême-Orient qu‘il faut se tourner pour tenter de saisir les affinités électives qu‘il tisse pour nous. Notre contemplation n‘a besoin d‘aucun repère d‘imagination. Nul savoir pictural n‘est requis pour élucider l‘étrange impression qui saisit le spectateur dès qu‘il ne parvient plus à comprendre «comment c‘est fait» Ce qui se présente à nous comme une peinture se dérobe à l‘analyse. Ce n‘est, peut-être, q‘une invitation au présent, à une «présence réelle», une invitation à être présent à la peinture, plus qu‘à son histoire
Camille Saint-Jacques