Christophe Dalecki
"Comme au jardin"
du 7 novembre au 2 décembre 2006
Christophe Dalecki
Expositions | |
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2006 | Comme au jardin, Galerie du Haut-Pavé Tabou or not tabou, Biennale de Nîmes Vert, Galerie Fraîch'attitude, Paris Paradis artificiels, Larrode Epouvantables, Parc de Champagne, Reims Mais naturellement..., exposition personnelle, Château de Panloup, Yzeure |
2005 | Nature détournée, CAC Luxembourg-belge, Jamoigne, Belgique Vue sur jardin, exposition personnelle, Centre Culturel Valery Larbaud, Vichy Ce paradis qui est le vôtre, Biennale d'Issy-les-Moulineaux Air(e)s d'artistes, CAC de Lacoux, Hauteville-Lompnes Histoires naturelles, L'art chemin faisant, Pont-Scorff |
2004 | Arborescence, Ecole Supérieure d'Art d'Aix-en-Provence Univers d'artistes, Parc de la Collombière, Dijon Plasticiens..., Conseil Général du Puy-de Dôme, (Prix du jury) H2O, Salon jeune Création, Vichy, (Prix du public) |
2003 | Dans le noir, exposition européenne, Lampisterie des mines, Brassac-les-Mines En vert et contre tout, exposition personnelle, Garde à Vue, Clermont-Ferrand Petite promenade dans la jungle, Les Mars de l'art contemporain, Clermont-Ferrand |
2002 | Espaces verts, l'Art dans la ville, Saint-Étienne La clef de voûte, exposition européenne, Château de Lamothe Des toiles venues d'ailleurs, Les Parasols, Rungis |
2001 | Curieuses boucheries, 3 boucheries désaffectées, Clermont-Ferrand Culture ? Chemin d'Art, Saint-Flour Temps de repos, Limoges Petite poésie à usage furtif, FRAC Auvergne |
Bourses | |
2005 | Bourse d'aide à l'installation et au matériel, DRAC Auvergne Aide à l'édition, Trames, Clermont Communauté |
2002 | Bourse d'aide à la création, DRAC Auvergne |
Autres interventions | |
2006 | En cuisine, cuisine buissonnière, scénographie, Le Bon Marché, Paris Nature en perspective, réalisation in situ, Parc du domaine de Chadieu Galerie l'art du temps, Vidéo Formes, installation éphémère, Clermont-Ferrand. |
2004 | Oeuvre in situ, Parc du CPIE de Theix Oeuvre in situ, Festival littéraire Billom en voix |
2003 | Oeuvre in situ, Chemin des bâtisseurs de paysage, Saint-Saturnin |
L'hypocrisie de l'espèce
Dans l'abstraction végétale, le regard s'enchevêtre. La couleur fleure bon la campagne. La matière suinte l'industrie. Edens d'artifices, les jardins luxuriants de Christophe Dalecki invitent à une déambulation onirique, promenade idyllique dans un univers idéal, accessible, gorgé d'humour. Un univers vert, esthétique allégorie de la nature. Une nature chatoyante, verdoyante, sans danger, parfaite. Une nature plus belle que nature ! Soudain, le voile de surprise et d'émerveillement se lève sur l'illusion générée par le mimétisme de la végétation. Volontairement visible, aisément identifiable, l'objet perce, s'impose, s'installe dans l'espace. Des objets quotidiens, usuels, d'une désarmante banalité. En plastique ! L'herbe craque, paillasson. Les lianes tombent, câbles. Les tiges et les fleurs se dressent, ustensiles de cuisine. Le charme se brise. Giflé, l'univers bascule. L'homme ne vit pas dans un théâtre de rêve et d'harmonie hérité des origines. Égoïste, imbu de sa supériorité, il s‘épanouit au détriment de l'oekoumène dans une société de surproduction, de surconsommation, de surpollution. Il prétend sauvegarder la planète, il la détruit. Il se targue d'aimer la nature, il la veut soumise, domestiquée, docile. La détonante symbiose entre la couleur et la matière révèle cette attitude hypocrite et irresponsable envers l'environnement.
Prétexte à un questionnement plus vaste, la dénonciation écologique trahit un souci constant de l'incohérence du monde et de ses paradoxes, une perplexité permanente devant le fossé séparant les actes des paroles, un doute endémique sur l'utilité même du travail de l'artiste. Un doute bénéfique cependant, moteur d'une expérimentation sans cesse renouvelée, d'une démonstration par l'objet. Matériaux récurrents, les objets fascinent depuis l‘enfance le plasticien pourtant ni collectionneur, ni fétichiste. Sans jamais les transformer, il les colle, les emprisonne, les agence, les assemble, les combine, les confronte parfois à des matériaux naturels. Grâce à la mise en scène, ils acquièrent un supplément de sens quand, individuellement, ils contiennent seulement une partie du discours. L'objet symbolise l‘homme, seul capable d'en fabriquer, et la rupture de l'équilibre nature/culture. Par les avancées technologiques, l'homme tente de s'affirmer être de culture uniquement. Christophe Dalecki le renvoie face à face avec sa réalité biologique d'être de chair, de sang et d'excréments, cette réalité organique dont il cherche désespérément à s'affranchir tant elle le repositionne dans le règne animal, tant elle le ramène à sa propre mortalité.
La nature et la culture. L'artificiel et l'organique.[...]. Cet autodidacte aux influences plurielles, [...] cultive des territoires d'ambiguïté, terreau favorable à une création ludique, philosophique, militante mais émancipée de toute idéologie, teintée d'une ironie contenue dans ses titres toujours caustiques et d'une provocation douce, salvatrice car vouée à la prise de conscience. Avec ses dessins, lame de fond vive, acérée, spontanée, ses peintures et ses sculptures hybrides, ses installations actuelles, Christophe Dalecki réinvente le monde. Un monde où Tout ce qui est vert n'abrite pas les oiseaux, projet de nid géant en matériaux plastiques, prémices d'une oeuvre-habitation qui l'aspirerait, l'absorberait physiquement. Un univers où, désacralisé, offert à tous, l'art, fonction vitale depuis la nuit des temps, apporterait à l'espèce humaine l'énergie nécessaire pour caresser l'essentiel, s'abandonner au vrai, effleurer la simplicité et mieux laisser s'abîmer dans un fracas assourdissant, au pied de l'autel de la modernité, le masque pesant de l'hypocrisie.
Éric Fayet