Virginie Delannoy

Dessins et sculptures

du 4 au 22 décembre 2001


Virginie Delannoy

Née en 1969
15bis avenue P. Grenier
92100 BOULOGNE-BILLANCOURT

Formation
1996Licence d‘Art Plastique, Paris VIII
1995Diplôme de l‘École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris
1989Certificat d‘Art Plastique aux Beaux-Arts de Caen
Bourse et résidence
2002Résidence de 4 mois à la Villa Kujoyama, Japon
2001Séjour de 3 mois au European Ceramics Work Center, Hollande
1998Résidence de 4 mois à Monflanquin
1993Bourse des Beaux-Arts de Paris de 6 mois à Los Angeles
1992Bourse Erasmus de 3 mois à Athènes
Publication
1999Pérégrination, édition d‘artiste, Galerie 16, San Francisco
1998Résidence d‘artiste à Monflanquin, catalogue personnel
1996Atelier d‘artiste de la Ville de Marseille, catalogue collectif
Expositions collectives
2001Galerie Corinne Caminade, Paris
2001Situation, Paris
1999Galerie 16, San Francisco
1999Biennale de Châteauroux
1998Résidence à Monflanquin
1997Le Blanc, École des Beaux-Arts de Quimper
1996Atelier de la Ville de Marseille
Expositions personnelles
2001Galerie du Haut-Pavé, Paris
2001La Borne, Vendôme
2000Bonnafont Gallery, San Francisco


Paravent, 2000
Bois et acrylique - 3 panneaux : 215 cm x 75 cm


Sans titre, 2001
Terre cuite, 120 cm x 35 cm x 2,5 cm


À portée de main, 1999
Plâtre — 7 pièces 86 cm x 36cm


ART DE TERRE
Peut-on encore montrer, sculpter le paysage, le relief terrestre sans céder au penchant romantique qui fait de la Terre une mère, une matrice de la vie ? C‘est à cette question que nous invite l‘oeuvre de Virginie Delannoy. Comment en finir avec le sentimentalisme rousseauiste qui fait de la moindre proéminence l‘écho macrocosmique d‘un sein ou d‘un phallus.
«Je me bats, dit-elle, avec le plat du dessin pour chercher les confrontations ou les complicités possibles entre le relief escarpé et le plan de la carte». Rien dans ses titres : Crêtes, Barrières naturelles, Sans titre, n‘évoque le pittoresque d‘une mythologie du paysage. Au premier abord, c‘est froid à en être gênant. Sa technique de travail de la terre est toute entière empruntée aux procédés industriels. Nulle trace de la main, pas de touché ni traces d‘une jubilation tactile.
«L‘escarpement est sculptural» dit-elle encore pour signaler que la nature, avec ses logiques minérales, suffit à donner à l‘oeuvre sa dimension édifiante. Elle ne s‘applique qu‘à souligner ou retrancher — des cartes géographiques par exemple — ce qui doit l‘être pour que le document bascule du monde savant dans celui de la sculpture. Entre les cimes et le creux des vallées, le seul point commun, c‘est finalement le désert de cette nature froide. Ce désert-là est comme une gangue abstraite et silencieuse qui profile toute l‘oeuvre. Nulle trace de présence humaine, ni route, ni ville, ni champs, pas plus de végétation.
La terre parle de la Terre en ce qu‘elle a de plus minéral et de plus géologique : terre, strates, eaux, feu. «Discours admirables, de la nature des eaux et fonteines, tant naturelles qu‘artificielles, des metaux, des sels et salines, des pierres, des terres, du feu et des emaux, avec plusieurs autres excellens secrets des choses naturelles» disait en 1580 Bernard Palissy. ”The stone starts from somewhere, and moves, as consistently as conditions permit, toward a place and state where it will be at rest — toward an end (.) Then the stone would have an experience, and one with esthetic quality.• continuait le philosophe américain John Dewey en 1934. De l‘un à l‘autre s‘esquisse une esthétique de la terre et du paysage dans laquelle l‘homme s‘interdit toute projection narcissique et touristique. Virginie Delannoy partage ce même regard.

Camille Saint-Jacques

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