Sophie Hasslauer

About Blank

du 4 au 29 janvier 2011


Sophie Hasslauer

Née en 1971 à Béziers
3 rue Lapie Henrion
51360 VAL DE VESLE
06 11 60 30 20
sophie.hasslauer@gmail.com
Formation
1992Licence histoire de l’art, Montpellier
1994Licence d’arts plastiques, Aix-en-Provence
1997C.A.P.E.S d’arts plastiques, Aix-en-Provence
2004-2006École d’architecture de la ville et des territoires de Marne-la-Vallée.
Expositions personnelles
2011ABOUT BLANK, Galerie du Haut-Pavé
1992Université Paul Valéry, Montpellier III
Expositions collectives
201049°10'32''N-4°13'23''E Exposition collective campagne betteravière Marnaise
2009Biennale d’art contemporain, Wanze, Belgique
MACparis (MAC2000), carré mécénat, Paris
2008D.Day, Paris
Dans le cadre du festival LesBisQueers roses, Reims
2007Femmes Artistes, Château de Crémault, Bonneuil-Matours
1994Sonia DI FAZIO, Sophie HASSLAUER, Lionel SCOCCIMARO, Allauch
1993Sonia DI FAZIO, Sophie HASSLAUER, Lionel SCOCCIMARO, Emmanuel VIEUX, Galerie Sordini, Marseille
Sonia DI FAZIO, Sophie HASSLAUER, Lionel SCOCCIMARO, Entrepôts Agniel, Marseille

Sophie Hasslauer
Histoires de l’art, 2010
150 x 135 x 95 cm
Baby foot, fonte d’aluminium, peinture

Sophie Hasslauer
Old Punk, 2010

Sophie Hasslauer
MDR, 2010
150 x 100 cm
tirage Lambda contrecollé sur Dibond®


Le fil conducteur de mon travail est la propension que j’ai à gratter dans les interstices entre la réalité objective, la réalité cultivée, au sens large –- je n’établis pas de hiérarchie entre la culture savante et la culture populaire – et la représentation.
Allons bon ! Moi qui pensais m’ennuyer une fois de plus en me rendant à une exposition d’art contemporain… Me voilà plantée face à un étrange baby-foot, dont les joueurs ont la forme de fameuses sculptures de notre histoire de l’art. Le monde de Sophie Hasslauer me saute aux yeux, m’amuse, m’enchante, me trouble. Chacune de ses œuvres constitue une allégorie de la relativité. Ses joueurs ? Des figurines de baby foot, entre autres ; mais surtout des évidences populaires, des repères historiques, des modes faciles. La balle mise en jeu ? L’esprit critique ! Elle ricoche des uns vers les autres, bouscule les monuments en tous genres, opère des rapprochements inédits, ouvre des brèches propices à l’esprit. Tout dans cet univers est surprise et sourire, insolence et pertinence ; mise en cause et en accusation… Mise à plat, nuance l’artiste. Autre œuvre emblématique : une série de tapettes revues et corrigées, constituées d’un petit Mickey en peluche pris au piège d’une tapette à rat sur laquelle est pyrogravée une Minie très coquette ; elle évoque avec un humour simultanément tendre et ravageur tous les miroirs aux alouettes, tous les chants de sirènes.
Décaler le regard, prendre à revers les conventions, les mettre en abîme, les piéger à leur propre jeu : en tous cas Hasslauer nous invite à reconsidérer les lois et les choses ; les œuvres d’art moderne et contemporain, notamment. Les stratégies liées au marketing de l’art me fascinent. Ce qui est intéressant dans ces stratégies, c’est qu’elles génèrent des formes et des discours. Le sens arrive ici. Ou pas. Souvent on obtient des choses creuses, et c’est dans ce creux qu’il est intéressant de fouiller, parce qu’il est brut, sans fin, une sorte d’œil borgne. Une page faussement blanche.
Le dernier chic, pour les collectionneurs mondains, est d’installer dans leur salon une tête de mort admirablement inoxydable ? Hasslauer en fabrique une à son tour, bien moins confortable : le crâne noir et clouté d’un Old Punk (vieux punk). S’agit-il de celui de Richard Hell, chanteur du groupe The Voidoids, qui en 1977 crachait, au son d’une guitare des plus électriques, les mots Blank Génération ? Drôle de qualificatif, ce mot, repris par les informaticiens pour signifier que sous un écran d’ordinateur paraissant vierge, une multitude de données invisibles à l’œil nu sont en fait emmagasinées…
La mémoire, l’esprit : tels sont les deux matériaux essentiels d’Hasslauer. Tout est bon – néon, latex, sucre en morceaux ou photographies - pour les incarner. Je ne me soucie pas d’une quelconque cohérence visuelle, dit-elle, tout d’abord parce que je m’ennuie vite, mais ensuite parce je suspecte ladite cohérence d’être un élément de confort destiné aux consommateurs du marché de l’art.
L’aspect protéiforme de cet univers n’empêche pas l’artiste – bien au contraire - d’être d’une rare exigence lors de la fabrication et de la finition des objets qu’elle crée, depuis trois ans, forte de ses études en arts plastiques et en architecture. J’ai besoin de cette prise au monde, dit-elle. Avant ? Une enfance à Béziers, sous le charme d’un livre consacré à Léonard de Vinci. Il y a dix ans, Hasslauer peignait de très grands formats, à partir de photos de famille. Aujourd’hui elle préfère sublimer les objets de consommation courante ; les poulets prêts à cuire vendus dans les grandes surfaces, par exemple. Elle en a imaginé une version sous vide, en chocolat, vendue à Pâques et dont l’étiquette arbore la marque I.N.R.I, sur fond de paysage bucolique en fait constitué, lorsqu’on y regarde de plus près, d’un champ de croix, en référence à la passion…
Contre pieds, pieds de nez, nez au vent : Hasslauer mène le bal du bazar, du bizarre et des beaux-arts avec une rare, puissante, joyeuse et judicieuse pertinence.

Françoise Monnin, novembre 2010

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