Serge Jamet
Protée
du 27 janvier au 14 février 1998
Serge Jamet
Expositions personnelles | |
---|---|
1998 | Galerie du Haut-Pavé, Paris |
1996 | Galerie L‘Engage |
1995 | Question de Principe, pointe du Dourven, Locquémeau-Trédez |
1994 | Le Radeau, Marseille |
1992 | Accrochage, FRAC Bretagne, Châteaugiron |
1990 | Atelier du Grand Domaine, Marseille |
1988 | Galerie Porte-Avion, Marseille |
Expositions personnelles en milieu scolaire | |
1997 | Collège Victor Ségalen à Châteaugiron |
1995 | Collège de Montauban-de-Bretagne (suite à une résidence au cours de l‘année 1994-1995) |
Expositions collectives | |
1997 | De la terre à la lune, Paris Exposition organisée par le SEPA au garage Alfa-Romeo de Rennes |
1996 | Galerie L‘Engage |
1995 | Acquisitions 1989-1995 Fonds communal de la Ville de Rennes Acquisitions du FRAC Bretagne, Galerie du TNB, Rennes |
1994 | Galerie Patrick Riquelme, Vannes |
1993 | Aficionados, Ateliers municipaux d‘artistes, Marseille Galerie Patrick Riquelme, Vannes |
1992 | Indice 7, Concarneau |
1988 | 100 autoportraits - 10 figures, Marseille, Lyon et Paris |
1987 | Bruno Durand-Blin, Serge Jamet, Jean-Yves Le Bon, Centre culturel Le Triangle, Rennes |
1985 | Ils créent pour demain, Nantes |
1983 | Mai des Arts, Rennes |
1982 | Pêle-Mêle, Rennes |
Bibliographie | |
1995 | Catalogue de l‘exposition Question de Principe |
1994 | Aficionados, textes de Claire Legrand et Annie Chevrefils-Desbiolles, Réunion de chantier à Marseille |
1992 | Catalogue de l‘exposition Indice 7, texte de Véronique Goudinoux |
1988 | L‘été marseillais, in La Marseillaise, juin 1988 |
1987 | Catalogue de l‘exposition Bruno Durand-Blin, Serge Jamet, Jean-Yves Le Bon, texte de Jean-Philippe Lemée |
1985 | Odile Blin, in Présence Culturelle, Nantes |
1982 | Catalogue de l‘exposition Pêle-Mêle |
Il est des rencontres fortuites qui vous soulagent un peu, des superpositions inopinées que l‘on accueille toujours avec un certain bonheur : momentanément, elles vous sauvent la mise.
J‘ai reçu les photographies des derniers tableaux de Serge Jamet le jour où une amie m‘offrit «mon» Gradus, soit le dictionnaire des procédés littéraires. Le Gradus, escalier vers le mont Parnasse, séjour des Muses et qui, aux siècles classiques, désignait les manuels facilitant la composition littéraire.
Existe-t-il un tel ouvrage pour la composition picturale, où des expressions aussi charmantes que litote, apocope, prolepse, paragogue, soient répertoriées ?
À vrai dire, ces dernières peuvent très bien faire double usage, pour peu que la peinture étudiée s‘organise à la façon d‘un langage, discursif et diachronique.
Ainsi, la litote qui use d‘une expression moindre pour signifier plus, la prolepse qui prévient les objections en se les faisant à soi-même, la sériation (bien sûr) qui classe un grand nombre d‘éléments par séries de deux ou plusieurs, peuvent apparaître à nos yeux / sous nos yeux comme les éléments fondateurs d‘une certaine abstraction picturale.
Ces systèmes, Serge Jamet en use à satiété. Il redouble, oblitère, occulte, masque, révèle in petto. Les motifs élus dont l‘austérité est évidente (certains sont issus de l‘architecture sacrée) en sortent revitalisés. L‘utilisation de la synecdoque (la partie pour le tout) est un leitmotiv. Une forme se matérialisera selon différents points de vue, se glissera sous des épaisseurs, des émulsions comme si un jeu de calques, de caches recouvrait le travail ; chose nouvelle pour l‘artiste, la multiplication des supports (des papiers de différentes qualités, du carton, de la toile), accentue ce jeu du chat et de la souris.
Honte sur moi ! alors que l‘artiste s‘est toujours accordé à définir son travail comme une quête de l‘épure, mes conclusions vont dans l‘autre sens, le sens inverse où la raison cède à la jubilation, jubilation secrète soit, mais jubilation «tout de même» ! (de toutes façons, les épicuriens n‘ont jamais dit autre chose).
Le profil ovoïde des motifs, les fonds subtilement entretenus - caséine, émulsions savantes - les empâtements, les transparences, désignent toute une stratégie sensuelle. Opposés à un ordonnancement graphique scrupuleux (chose qu‘on ne peut lui reprocher, si peu d‘artistes dessinent) des éléments surgissent, féminins, lovés, larvaires et dont le but est le dysfonctionnement du tableau, son dérapage incontrôlé où tout se révèle dans la nudité même, joie première, lueur païenne.
Ainsi l‘artiste n‘apparaît-il plus comme le vaillant géomètre qu‘il voudrait nous faire croire. Le masque a chu, laissant voire la figure double d‘un peintre désirant et hanté.
Son goût pour la culture celte corrobore cette remarque (culture immodérée, s‘il en est !), un goût pour l‘informulé, l‘informulable, une inclination pour les figures les plus inouïes créant au final une pérégrination picturale unique.
Stéphane Le Mercier, 8 janvier 1998