Élise Leclercq

gestes d'expérience

du 1er au 26 mars 2011


Élise Leclercq

Élise Leclercq est née en 1980 à Paris, où elle vit et travaille.
Après un premier diplôme en scénographie à L’ENSAV - La Cambre à Bruxelles, elle réoriente ses recherches au sein de l’atelier d’Espace Urbain de la même école, puis à l’école des Beaux-arts de Weissensee à Berlin. Elle revient ensuite à Paris, où elle poursuit un Master d’anthropologie visuelle et d’histoire de l’art à l’École des hautes études en sciences sociales.
Ses oeuvres s’élaborent le plus souvent à partir d’observations de terrain, d’enquêtes ou d’autres protocoles d’expérience. Elles explorent un milieu social mais surtout les représentations collectives et intimes qui en découlent. Dans ce cadre d’action sur le réel, la dimension du témoignage et des sources orales côtoie celle des images mentales et des gestes quotidiens, le document et l’archive s’ouvrent à la mise en scène et aux récits fictionnels.
Son travail suit un principe d’ancrage dans le regard même des habitants sur leur lieu de vie. Elle questionne ainsi les frontières géographiques et historiques de ces lieux, pour envisager les déplacements de ce regard. La position de l’artiste se trouve d’elle-même redéfinie à mesure que les participants à chaque projet deviennent par ailleurs ses acteurs principaux.
elise.leclercq@gmail.com
www.eliseleclercq.net
Bourses
2010Développement des projets nouveaux médias du CNC
2009Aide à l’installation de la DRAC Île-de-France
Résidences
2010 - 2011Artconnexion, résidence et exposition personnelle à Ferrière-la -grande puis réalisation d’une oeuvre pérenne pour la ville dans le cadre du programme
Nouveaux Commanditaires de la Fondation de France
2008 - 2009Le Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains, résidence et exposition collective dans le cadre du programme Art et Territoires
2007 - 2008Galerie Chatiliez, résidence annuelle et exposition personnelle

Élise Leclercq
THE WAY IT GOES
7 minutes, mini DV vidéo
Production : Chantier Temps d’images, Palestine, 2007

Élise Leclercq
ACTION MAN
6 minutes, HDV vidéo
Autoproduction, France, 2011

Élise Leclercq
L’HARMONIE
7 minutes, HDV vidéo
Production : artconnexion, France, 2011

Élise Leclercq
TOUT VA DISPARAÎTRE
10 minutes, DVCam vidéo
Production : Le Fresnoy, France, 2009

Élise Leclercq
CAFÉ DE L’UNION
4 minutes, DVCam vidéo
Production : Le Fresnoy, France, 2009

Élise Leclercq
AMADOR ENQUÊTE
Six tirages photos 20x30 cm sur Dibond, montage sonore de 13 minutes
Production : Galerie Chatiliez, France, 2008


« L’espace serait au lieu ce que devient le mot quand il est parlé, c’est-à dire quand il est saisi dans l’ambiguïté d’une effectuation, mué en un terme relevant de multiples conventions, posé comme l’acte d’un présent (ou d’un temps), et modifié par les transformations dues à des voisinages successifs. À la différence du lieu, il n’a donc ni l’univocité ni la stabilité d’un « propre ». En somme l’espace est un lieu pratiqué. »

Michel de Certeau - L’invention du quotidien, 1. Arts de faire, Folio essais

Tenter de raconter ce lieu immobile et muet, d’un âge incertain, traversé de parcours invisibles, implique de le reconfigurer et de révéler sa spatialité par le mouvement et la présence humaine. Être là se limiterait à assimiler son histoire, y participer est agir.
Dans ses vidéos, Élise Leclercq invite les personnes rencontrées à transposer leurs gestes quotidiens et à les vivre en rapport avec un lieu, en leur proposant de créer elles-mêmes une narration visuelle et symbolique in situ. Ici point de mise en scène où l’on s’égare dans des rôles attribués, chacun joue son propre personnage et l’interroge à sa manière par la mise à distance que le geste ritualisé rend possible en écrivant dans l’espace ce que l’artiste appelle une micro-fiction.
Tous ces plans séquences tracent des directions dans le temps, interrogent la relation entre une personne en mouvement et un lieu, sans jamais chercher à donner de réponse univoque au spectateur. Le rituel convoque la diversité des rapports au réel et rend possible une médiation du quotidien dans un espacetemps ouvert. « Les rituels inventés avec les personnes que je rencontre tentent d’initier un détournement, une subversion du réel, en prenant appui sur un environnement et des gestes quotidiens » dit-elle.
The Way it goes, plan-séquence filmé au centre de Ramallah en Palestine, pourrrait ainsi être une micro-fiction. Mais le personnage existe bel et bien dans le quotidien de cette ville et vient interroger une approche artistique qui fictionnalise le réel tout en se retrouvant parfois face à une réalité déjà vraisemblablement fictionnelle.
Au-delà des vidéos produites, c’est la globalité d’une démarche qui se déploie dans la rencontre entre réalité et fiction, cherchant la part utopique de nos vies. Ainsi le projet photographique et sonore intitulé Amador enquête part d’une volonté commune de l’artiste et d’un habitant de produire un geste : effacer les noms d’auteurs classiques français que portent les immeubles d’un quartier du Nord de la France tout en donnant la parole aux habitants pour écouter leurs propositions. L’imaginaire social, momentanément suspendu, laisse place à l’imaginaire individuel. La relation entre les deux apparaît conflictuelle, paradoxale et peut-être impossible ; elle pointe le caractère utopique d’un imaginaire commun.

Maya Mikelsone, en collaboration avec Élise Leclercq

Le samedi 12 mars à 16h30 ::
Morad Montazami est historien d’art en thèse à l’EHESS où il mène une recherche sur « Les pratiques de terrain et les procédures de l’enquête dans l’art contemporain ». Sa recherche comprend trois axes : celui des « arts du terrain » et des procédures d’enquête mis au point par les artistes qui observent une communauté ou parfois ses traces ; la restitution de ces enquêtes sous diverses formes de collections ou d’archives qui investissent l’espace d’exposition en jouant avec l’histoire de la muséologie ; enfin, le rôle de l’image elle-même et de la représentation, au prisme des rapports d’altérité et de la traductibilité culturelle.
Lors de son intervention, son regard sur le travail d’Élise Leclercq, avec laquelle il a déjà collaboré dans le cadre d’autres expositions, portera plutôt sur le premier et le dernier axe énoncés ci-dessus.

Le samedi 19 mars à 16h30 ::
Maya Mikelsone est commissaire d’exposition indépendante, récemment sortie de l’École du Magasin, formation aux pratiques curatoriales. Ses thèmes de recherche portent sur l’art dissident dans les régimes totalitaires, la question de la liberté dans la création et la notion de réalité. Elle a travaillé dans plusieurs galeries d’art contemporain ainsi qu’à la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Elle a accompagné Élise Leclercq dans la mise en place de son exposition à la Galerie du Haut-Pavé.
Lors de son intervention, elle parlera de l’exposition en cours et de la démarche artistique d’Élise Leclercq.

index