Sylvie Mas

Frôler le mur

du 27 septembre au 22 octobre 2011


Sylvie Mas

Née en 1979 à Montreuil
Vit et travaille à Paris
contact@sylvie-mas.fr
www.sylvie-mas.fr
DNSEP avec les félicitations à l’unanimité du jury, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, Paris (2004)

Expositions personnelles
2011Frôler le mur, Galerie du Haut-Pavé, Paris
Gabriele Chiari Sylvie Mas, École des Beaux-Arts, Beaune
2010Gabriele Chiari Sylvie Mas, L’AGART, Amilly (commissariat Cédric Loire)
2009Mas / Chiari, Orangerie, Sucy-en-Brie
Expositions collectives
2011AGART, Amilly (commissariat Olivier Delavallade)
2008Traversée d’art, Château, Saint-Ouen (commissariat Anne Rochette)
2007Hors concours, CRDP, Amiens
2006Point de vue n°6, Musée d’Histoire, Saint-Denis
2004Félicité…, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, Paris (commissariat Éric Corne et Maria Corall)
Prix
2004Prix Joseph Epstein
Collections publiques
École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, Paris
Publications
2010Le Léger, le grave, Cédric Loire, édité par l’AGART, Amilly
2009Camille Saint-Jacques et Éric Suchère, Artistes ou lettrés ? Marc Devade & pratiques contemporaines, avec un texte de Cédric Loire, Résonances de Devade ?, éditions Lienart
2004Déplacements, Éric Corne, éditions de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, Paris

Sylvie Mas
Petits éléments, 2011
30 x 56 x 40 cm
appareil électroménager, plateau tournant, CP, roulettes, plâtre et filasse

Sylvie Mas
Petits éléments, 2011
31 x 50 x 23 cm
tabouret, pomme et tuyau de douche, serviette éponge, tee-shirt, plâtre et filasse


Le léger, le grave
Du protocole et de la série
[…] Dans les sculptures de Sylvie Mas, contrairement à l’usage qui a pu en être fait dans la sculpture classique et moderne comme dans l’industrie, le procédé de moulage et de tirage n’a pas pour fonction la reproduction d’un modèle préexistant réalisé dans un autre matériau. Ces techniques empruntées au staff sont détournées de leur fonction initiale de reproduction à l’identique d’un modèle ou d’un prototype, vers celle de production d’une forme singulière. […] Le multiple se trouve ainsi intégré dans une même sculpture, au sein de laquelle il fait l’objet de différentes opérations : renversement, découpe et association, changement de matériau. […].
De l’horizontalité et du retard
[…] Les sculptures murales de Sylvie Mas sont construites horizontalement, en même temps que le châssis de bois qui les porte. Il s’agit autant, pour l’artiste, d’échapper aux contraintes de la gravité et à ses effets sur la façon dont les différents éléments de plâtre vont s’articuler les uns avec les autres, que de déjouer le contrôle qu’impliquerait une élaboration à la verticale. Travaillée depuis tous les points de vue latéraux et périphériques, la sculpture n’est véritablement observée selon un point de vue frontal qu’une fois achevée et accrochée au mur. […]
Du titre, de son absence et de ses débordements
[…] Les titres des sculptures de Sylvie Mas multiplient les sollicitations envers le spectateur, dont ils stimulent les capacités d’association tant ils sont riches de connotations et d’évo­cations. […] Associé au souvenir de ces œuvres, le titre ABC donné à quatre récentes petites sculptures (2010) fait écho à celui de l’article de Barbara Rose « ABC Art » paru en 1965 où il était question d’un art « minimal » […] Plusieurs titres révèlent des accointances avec le cinéma. […] Pour le spectateur dans l’ignorance du processus mental dont ces correspondances sont le fruit, ces montages de mots et de formes sont autant d’incitations à activer son regard. […]
Du nuage…
[…] Dans Angulations, un sac de plastique bleu y est introduit dans les coulées successives produisant le volume géométrique ouvert de chaque élément. À demi-inclus dans le plâtre, le sac tantôt épouse en la colorant sa surface lisse, tantôt s’en échappe, déborde la géométrie stricte et néanmoins précaire, et trouve sa forme par l’action conjuguée de la pesanteur et de l’air qui le porte et dont il saisit, en quelque sorte, le mouvement invisible. Cet attrait pour les corps fluides, et leur saisie dans les matériaux de la sculpture, est une caractéristique de l’œuvre de Sylvie Mas.
Du travail et de son exposition
[…] Le « travail » demeure visible dans les sculptures de Sylvie Mas : tracés indiquant lignes de coupe et points d’assemblage, débordements de filasse et présence visible du châssis derrière les plans de plâtre, traces de découpes, de jointures et de collage… […] Ce principe d’orga­nisation n’est pas sans rappeler les fragiles constructions de Richard Tuttle, ni ce que Donald Judd percevait dans les reliefs de Hans Arp : « une bonne œuvre est un tout qui n’a pas de parties. Les protubérances ne peuvent jamais être clairement considérées comme des unités plus petites ; elles ne sont pas des unités secondaires. La perception du tout domine les impressions produites par les parties… » […]
Pour autant, procéder à l’archéologie du travail, chercher à reconstituer le processus d’éla­boration de ces œuvres est promis à un échec certain, tant les décisions et opérations qu’il comporte sont nombreuses, tant les effets de celles-ci sur la matière sont sujets à quantité d’aléas. Qu’importe : l’une des qualités essentielles de ces œuvres est précisément d’échap­per à toute démonstration réductrice. Une autre est leur capacité à renouveler sans cesse l’exploration de zones d’effrangements — entre peinture, sculpture et dessin — et de temporalités hétérogènes.

Cédric Loire, 2010

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