MONTEBELLO
mon amour

Bruno Collet
Frédéric Cresson
Sylvie Houriez
Frédéric Messager
Pascal Pesez

du 3 au 14 février 2004


Pascal Pesez



Tout commence par l‘informe. Somme de gestes, premiers, exu-toires. Le sac est vidé. La forme et l‘informe mêmes, jetés, étalés, scarifiés même, comme un sacrifice pour que puisse avoir lieu - être le lieu de - la pein-ture. Puis vient le travail, non pas exactement de recouvrement, mais bien plutôt de réduction. Réduction par l‘alentour. C‘est de - dans l‘alentour qu‘apparaît la forme. C‘est de - dans l‘alentour qu‘elle y disparaît. La forme est réellement faite de cet alentour mais elle ne s‘y dif-fuse pas, elle s‘y refuse, encore. Disparaître - encore ; ce sont ces deux mots qu‘il s‘agit de bien écrire. L‘alentour semble ce point limite où l‘absence est envisagée, où la présence est entre-tenue. Point limite car si disparition il y avait, cette peinture serait alors précipitée dans le monochrome ; irréversible et trop désincarné pour le peintre. Il y a donc urgence à ne seulement qu‘envisager cette absence. L‘envisager et prendre la mesure de son poids. Disparaître - encore n‘est pas avoir disparu.

Extrait de L‘absence envisagée - F. C, juillet 2001


Bruno Collet



...Les gravures de Bruno Collet sont intimistes et appellent à l‘in-trospection... En fabriquant ses images, il se considère comme regardant sa propre image sur chaque plaque de métal. Ce constat "narcis-sique" le perturbe et le détruit de ce fait. Une attaque, un com-bat est nécessaire pour se dégager de ce piège. Une épreuve du corps organique et mental s‘engage. Chaque gravure est le théâtre d‘une esthétique de la guerre : griffures, scarifications, attaque par l‘eau forte, boursouflures de l‘image sont visibles sur le papier... ...Nous retrouvons la trace du cercle, du regard, de l‘oeil, de la cen-tralité dans les travaux déployés sous la forme d‘un réseau frac-tal en forme de faux-vrai corps. Une vraie ou fausse reconnaissance du corps cartographié ? Presque une anatomie pathologique du regard et du corps inversé mais nulle trace de chair et de sang. Uniquement des morceaux de lui-même auquel l‘artiste est confronté...

Extraits de Géographie astronomique du corps, Xavier Détour, octobre 2001


Frédéric Cresson



Je crois que la peinture s‘apparente à un rictus. Les rictus peuvent changer mais on ne les oublie jamais tout à fait. Ils traduisent une tension, un paradoxe où cohabitent le rétinien et sa critique. Ainsi dans l‘atelier il y a un premier temps consensuel à la recherche d‘un quelque chose qui puisse prétendre à une fonction esthétique. Ensuite vient un deuxième temps où l‘enjeu de ce qui se trame, semble être retourné, un deuxième geste libéré de toute attente fonctionnelle qui opère comme un travail de sape du premier. Au fur et à mesure des étapes de réalisation ces deux temps se mêlent pour cohabiter dans l‘espace. Tentative d‘équilibre entre dessein et non-dessein. J‘envisage un point de hasard liant la pro-position et sa contradiction, un point de hasard précis qui finirait le tableau tout en le laissant indéterminé, voir incertain.

Frédéric Cresson , janvier 2004


Sylvie Houriez



L‘évocation d‘un état intermédiaire plane sous le joug d‘une maté-rialité intime féminine. La dentelle, la maille, le point s‘étirent, se dilatent pour muer et transpirer un contenant évidé. En travaillant avec des sous vêtements désuets, dont l‘origine fut de protéger le corps à même la peau, je les révèle aujourd‘hui à la lumière de façon à traduire des fourreaux. Me voilà taxidermiste en quête d‘enveloppes résultant de courbes anthropomorphiques.

Sylvie Houriez, automne 2003


Frédéric Messager



La représentation d‘un lieu ne se laisse pas saisir sous une forme unique. La cartographie, les tableaux, la botanique, l‘urbanisme, l‘autoroute, le projet, la maquette... participent à sa définition. L‘emploi de signes tirés de ces environnements rentre pour une large part dans la constitution de ma production. J‘extrais du monde réel une forme, un brin d‘herbe, avec un geste simple je le multiplie. Dans la qualité formelle, il y a quelque chose de minimal. C‘est aussi un enregistrement du geste de la main. Selon le rapport petite et grande trace laissées sur le papier ou la toile on peut croire à un paysage d‘herbe parcouru par la lumière. En me concentrant sur plusieurs signes : éléments natu-rels, éléments humains et leurs rapports, je travaille en série et un laboratoire s‘ouvre. C‘est une façon pour moi de fixer les multiples idées et images que je possède, une réflexion sur le monde qui m‘entoure. Sans être déclamatoires ces laboratoires laissent pres-sentir quelque chose qui est de l‘ordre de la diversité, du pluriel. Mon travail progresse vers des expériences plastiques et visuelles qui se répondent, essayant de représenter le monde dans son entier, il est une image en creux de l‘homme, laissant place à un seul sujet, celui de la peinture de paysage.

Frédéric Messager, janvier 2004

index