Haut-Pavé, Hiroko Palmer

Née au Japon
gontapal@free.fr

Formation
1998	Pensionnaire à la Villa Manet à l'École des Beaux-Arts de Gennevilliers
1994	École nationale d'Art décoratif d'Aubusson
1983-85	Université des Beaux-Arts Kansai Jyoshi, Japon
Expositions et activités
2000	Galerie du Haut-Pavé, Paris Salon Jeune Création, paris Scénographie pour la pièce de théâtre Phèdre dans la crypte du Martyrium de Saint-Denis (dans le cadre du Festival de Montmartre à Paris)
1999	Salon de Montrouge
1997	Exposition Villa Manet, Galerie Municipale Édouard Manet, Gennevilliers

Gestes cristallisées
Cristallisé dans la durée, comme la progression perpétuelle d'une stalagmite ou la consolidation d'un cocon de chenille, c'est au fond un mouvement gestuel qui se dévoile à notre regard attentif dans les travaux récents d'Hiroko Palmer.
Il transparaît dans toutes les formes qu'elle crée. Le mouvement est fin et rapide, répété par myriades de gestes méticuleux, exécutés dans une concentration quasi méditative. Ainsi Hiroko Palmer, artiste d'origine japonaise, métamorphose-t-elle le matériau rencontré autour d'elle, tels ces grains de riz colorés en jaune, «la couleur qu'on nous a attribuée», ironise-t-elle.
C'est pourtant le jaune, couleur que les enfants choisissent pour représenter le soleil, dont Hiroko Palmer exploite toute la palette tonale depuis l'ambre ou les tons mielleux jusqu'au clair du jour.
Indissociable en est le latex, ici synthétique et non végétal, qui permet à l'artiste d'aller plus loin que la peinture, «qui reste à partir d'un certain moment hermétique». Le latex est un liquide qui se consolide lentement, et dont l'artiste sait articuler les propriétés physiques chaque fois de façon originale. Appliqué en couches, juxtaposé par gouttes, tendu comme une peau, sa transparence incolore module à la fois la gamme tonale de la lumière et une multitude de formes.
Les oeuvres rappellent les objets dont elles empruntent le contour comme un gant, comme les Pommes suspendues, mais s'en défont aussitôt et se prêtent à une présence propre : suspendus, les volumes allégés de leurs poids flottent au souffle, leurs surfaces invitent au toucher tandis que leur plasticité élastique cède à toute pression sans y perdre leur forme, englobant un volume vide.
La notion de présence spatiale est d'autant plus forte que l'unité élémentaire paraît petite et fragile. Galerie de riz est une guirlande de grains de riz colorés en jaune, suspendue à travers l'espace, tissée comme une toile, évasive telles les notes d'une partition musicale, leurrant le regard qui essaie de la fixer. Le minuscule échappe à l'emprise et s'impose dans toute son étendue à la ficelle transparente.
L'attention portée à une forme relevant d'un détail imperceptible dans son environnement caractérise d'autres oeuvres d'Hiroko Palmer. Comme une découverte microscopique, des branches encerclant un ovale en latex rappellent les feuilles de monnaie-du-pape. Les rayons de la ruche d'abeilles, agrandis, nous entraîneraient vers Alice aux pays de merveilles s'il n'y avait pas ce petit clin d'oeil : la différence entre l'objet et son rappel par une représentation originelle.
Dans cette même voie, une des créations les plus récentes d'Hiroko Palmer se compose de sphères de la taille de deux paumes superposées. Si les volumes semblent pétris par des compressions répétées des mains, les surfaces lisses témoignent d'innombrables caresses. De même, l'effet de coloriage en noir et en blanc donne une lueur qui égale les reflets de perles précieuses. Quant à leur poids, ces sphères déjouent toute référence à elles sont compactes et pèsent lourd.
C'est un nouveau matériau qui se prête à la poursuite de sa recherche. L'artiste paraît entamer une approche opposée à sa démarche antérieure : le noir et le blanc étant les pôles complémentaires de la gamme chromatique. Mais il y a toujours ses gestes créateurs qui relèvent ici davantage de force accumulée que de légèreté suspendue et dont émanent ses formes tangibles, caractéristiques de son oeuvre.