Patrice Pantin
Octobre
du 1er au 19 octobre 1996
Patrice Pantin
Formation | |
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1984 | Diplôme de l‘École Supérieure des Arts Appliqués Duperré, Paris. |
1991-92 | Maîtrise d‘Arts Plastiques, St-Charles, Paris I. |
Exposition personnelle | |
1996 | Galerie du Haut-Pavé, Paris |
Expositions collectives | |
1991 | Élaboration d‘un projet d‘installation Le Pont Faidherbe, Saint-Louis, Sénégal |
1993 | Le bouton, Galerie MP3B, Paris Trois peintres, Galerie MP3B, Paris |
1994 | Salon de la Jeune Peinture, Paris |
1995 | Salon de la Jeune Peinture, Paris Courant d‘art, deuxième édition, Deauville Neuf dans le vent, Terrasse du petit Thouars, Paris |
1996 | Salon d‘Art Contemporain, Bagneux Exposition Dominique de Beir - Patrice Pantin, Galerie Collage, Concarneau Salon de la Jeune Peinture, Paris Courant d‘art, troisième édition, Deauville |
Complice, 1996 (détail)
huile sur drap, 150 cm x 60 cm
Passé le seuil de la galerie, on devine, au vu de la discrétion physique des oeuvres exposées que la visite ne sera pas une flânerie sous des ombrages reposants : si c‘est bien à une épiphanie que nous sommes conviés, il va falloir ouvrir l‘oeil et alerter le regard. Les deux séries de travaux présentées ici nous convient, dans les pas de l‘artiste, à emprunter un étroit passage, une voie d‘acheminement vers le visible. Retenu à son minimum de présence, un événement imminent est annoncé. À nous d‘aller à sa rencontre.
Patrice Pantin mène train rigoureux : au long des jours et des travaux, les supports, les matériaux et les outils ordinaires du peintre se sont raréfiés, accidentés, dévoyés. De la toile blanche, seuls demeurent, tels des nerfs mis à nu, deux fils découpés dans son vif, maintenus dans leur lien jumeau par une bande frêle de tissu. De la palette des couleurs ne reste, infusée dans la chair entaillée du papier, que la ligne d‘une cicatrice, la morsure lavée d‘une tentation ; des gestes, le soupçon de la vibration, enregistrée dans les imperceptibles sillons de ces étranges sismogrammes.
Cette présence sur le fil du rasoir incise l‘oeil dans ses fibres, exacerbe l‘acuité. Tenue à bout de regard, comme révélée dans le foyer d‘une loupe, elle déchire le voile de notre cécité et s‘agrandit ; amplifié par l‘attention qu‘il cristallise, le visible devient tangible, audible : l‘oeil se blesse au grain laissé sur la marge de l‘éraflure, éprouve la tension du fil, distingue des intervalles, écoute des sons placer leurs hauteurs le long de ces portées sinueuses. Devenue un interstice aussi mince que les fils et les traits, l‘épaisseur interposée entre le regard et son objet soude l‘un et l‘autre en un seul corps.
Écartant de son propos tout commentaire parasite, l‘oeuvre n‘est rien d‘autre, dans sa manifestation la plus radicale, que le lieu et l‘instant de la convergence et de la simultanéité qui nous donne au monde et lui à nous.
Christine Barbaste, septembre 1996