Emmanuel Rivière
"le toucher est un bizarre sens de la vie"
du 4 au 29 janvier 2005
Emmanuel Rivière
Formation | |
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2000-01 | Post-diplôme à l‘École nationale Supérieure des Arts décoratifs, Paris |
1992 | Agrégation d‘Arts Plastiques Auditeur libre à l‘Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, atelier de Pierre Buraglio, Paris. |
1989-93 | École Normale Supérieure de Cachan Licence et Maîtrise en Arts Appliqués |
Stages et formations complémentaires | |
2001-02 | Atelier Beaux-arts de la ville de Paris, sculpture et moulage Cours de moulage avec Gérard Maury, mouleur |
1998 | Stage à la Central Martins School of Art and Design, atelier de Aron Mc Cartney, Londres |
1993 | Stage à l‘École Boulle, atelier de création de sièges, Paris |
Expositions collectives | |
2002 | Livres d‘artistes, bibliothèque de Pantin |
2001 | Post-diplômes, ENSAD, Paris |
1999 | Salon de la Jeune Création, Paris Le ventre de la baleine, Pantin |
1998 | Summer School Exhibition, Saint Martins School, Londres Salon de la Jeune Peinture, Paris |
1997 | Salon de Montrouge Sèvres-Espace-Loisir, Sèvres |
1993 | Salon de la Jeune Peinture |
Sans nom, 1999-2000
Silicone, tissu de verre, mousse expansive
Hauteur : 40 cm
Tête + Plan, 1999
Partie suspendue : silicone et tissu de verre,
hauteur 35 cm
Partie au sol : poussière du lieu, 100 x 100 cm
Table, 1998-2004
Silicone, tissu de verre, bous 80 x 70 x 185 cm
Double-vue
en collaboration avec Jean-Marc Dauné
30 x 50 x 55 cm
Jean-Marc Dauné : terre et bois
Emmanuel Rivière : silisone, mousse expansée
Le "sans titre", appellation qui accompagne fréquemment les oeuvres contemporaines, signifie une décision de laisser au tableau ou à la sculpture le pouvoir d‘agir sur le spectateur par la seule force de ses vertus plastiques, une volonté d‘éviter toute suggestion de lecture d‘ordre narratif ou iconique. Ces "titres" raturent ou dénient ouvertement tout lien entre l'oeuvre et le sens.
On aurait pu croire qu‘en baptisant ses sculptures "sans nom", il n‘ajoute qu‘une petite touche originale au même registre. Toutefois, au vu de ses travaux, des formes prolongées ou arrondies, qui évoquent des visages, on comprend que le choix n‘est pas innocent. De fait, si le visage reste pour nous l‘expression d‘une singularité propre à tout individu, ceux de Rivière n‘offrent aucune ressemblance à une quelconque figure humaine. Souvent moulés ou démoulés en négatif à partir de l‘intérieur des masques africains, ce sont les revers du visage où, comme le dit l‘artiste, le vide devient le plein, le dedans le dehors [...] Visages inaccessibles, des stéréotypes, ils s‘inscrivent avec force dans la galerie des "portraits" sans nom qui parcourent le siècle. Mais anonymat ou refus d‘une représentation qui croît au "visage-miroir de l‘âme", peut-être malgré tout, les têtes d‘Emmanuel sont encore en quête désespérée d‘une face. "Chercher", écrit Jabès, "en dépit de tout à voir un visage aura consisté donc, pour la créature, dans sa tenace volonté d‘exister, à l‘inventer".
Itzhak Goldberg
critique d‘art et enseignant en histoire de l‘art
Impossible de réaliser la plénitude d‘un corps, mais seulement laisser échapper du bout des doigts des bouts de soi, des pièces détachées, des restes disséminés qui dessinent les bords d‘un paysage = l‘intérieur de ma tête à déplier comme une carte.
Laisser échapper de soi des formes, comme tombent de ma tête des mèches ou des squames, comme s‘échappent de ma bouche de la fumée ou des mots en vrac : sous la peau, fleurs de peaux, pelure, pelisses, colle, décollage, décollation, dévisage, sous un visage, contre tête, le dos de ma tête, tête-bêche, peaux-pierres, tête-paysage, chair-back (têtière), header (en-tête), retrousser la tête, se retrousser les mains, 100 dessus-dessous, le toucher est bizarre sens de la vue...
Emmanuel Rivière