Régis Sénèque

mon intérieur cet espace commun

1er au 26 juin 2010


Régis Sénèque

né en 1970
vit et travaille à Paris
1 square Patenne
75020 PARIS
06 33 41 14 58
regis.seneque@yahoo.fr
www.regisseneque.com

Expositions
2010Galerie du Haut-Pavé « mon intérieur, cet espace commun » - exposition personnelle (Paris)
Château de Saint-Ouen -Traversée d’art - exposition collective (Saint-Ouen)
Galerie Immix « Projets abandonnés » - exposition collective (Paris)
2009Espace La Vallée - UNESCO / association Dessine l’espoir - exposition collective (Serris)
Le pays où le ciel est toujours bleu - La Borne - exposition personnelle (Châteauneuf-sur-Loire)
Galerie Immix « Issues du noir » - exposition collective (Paris)
Art Vilnius - Galerie Nivet-Carzon - exposition collective (Vilnius)
Art Paris - Artists4life - UNESCO / association Dessine l’espoir - exposition collective (Paris)
Guide Michelin, 100ème édition - Musée d’Orsay - exposition collective (Paris)
2008UNESCO / Association Dessine l’espoir - Un dessin pour “One Month of Love” - exposition collective (Paris)
Galerie Kamchatka - exposition collective (Paris)
2007Rencontres photographiques du Xème - exposition collective (Paris)
Galerie Kamchatka « l’eau et les rêves » - exposition collective (Paris)
2006Galerie d’art contemporain - exposition per­sonnelle (Mourenx)
2005Galerie Christine Phal - exposition collective (Paris)
2004Tous ego - exposition collective (Ivry-sur-Seine)
Tacheles - Neue gallery - exposition collective (Berlin)
Artcité 2004 - exposition collective (Fontenay-sous-bois)
Galerie Christine Phal - exposition collective (Paris)
2003Kwartz événements - exposition collective à la Bourse de Paris
Musée ethnologique de Sirogojno - exposition collective (Sirogojno - Serbie)
Galerie LADS - exposition collective (Osaka)
Galerie Distilled Art - exposition personnelle (Paris)
2002Galerie Akwaaba - exposition collective (Sucy-en-Brie)
Galerie Christine Phal - exposition collective (Paris)
Galerie area - exposition collective - 9ème courant d’art à Deauville
47e Salon Montrouge - exposition collective (Montrouge)
2001Galerie Distilled Art - exposition collective (Paris)
2000Galerie Envie d’art - exposition collective (Paris)
Résidences
2003Musée ethnologique de Sirogojno (acquisition des œuvres par le musée) (Sirogojno - Serbie)
Interventions artistiques
2005Atelier du Plateau - réalisation en direct d’une peinture pour le décor d’une pièce de théâtre « L’inattendu » de Fabrice Melquiot, mise en scène par Nathaniel Barruch, interprétée par Valentine Herrenschmidt (Paris)
2003Kwartz événements - réalisation d’une peinture collective dans le cadre du Téléthon des financiers 2003, en collaboration avec des salariés de la banque JP Morgan, à la Bourse de Paris
Galerie Christine Phal - « Les artistes font le mur » réalisation d’une fresque avec les enfants de l’école de la rue Henri Noguères (Paris)
Textes
Bernard Point
(commissaire d’exposition, critique d’art (orga­nisateur du salon du dessin contemporain, Paris ; directeur de la galerie-école d’art Édouard Manet, Gennevilliers 1968-2002) - Main intérieure - Mise Espace-Temps - dans le cadre de l’exposition « mon intérieur, cet espace commun » à la galerie du Haut-Pavé - 2010
Étienne Helmer
(professeur de philosophie ayant aussi collaboré à Paris-art.com, Artpress et à la galerie Vue) - éléments - mis en ligne sur le site actuphoto.com - 2009
Sandrine Derym
(photographe / journaliste) - sans titre - mis en ligne sur le site de la galerie Nivet-Carzon – 2009

Régis Sénèque
forme

Régis Sénèque
volumes

Régis Sénèque
toucher #1

Régis Sénèque
toucher #2

Régis Sénèque
je-u, ou le double dans un lieu multiple #1

Régis Sénèque
mur #1


MAIN INTÉRIEURE
MISE ESPACE-TEMPS

Quitter le pavé parisien pour visiter ce haut lieu de création, me conduit à me poser devant cet espace. Comme un appel à pénétrer, cette vitrine me conforte immédiatement au trouble d’un froissement tridimensionnel. Une envahissante fibre de verre enserre dans ses plis deux photos de mains prises au piège de ce qu’elles sont censées faire. Cet ébranlement fossilisé, blanc sur blanc, me laisse entrevoir au-delà, d’autres mouvances respiratoires et plus colorées. De cet espace visuel j’imagine passer à l’espace tactile, en entrant à l’intérieur.
Face à la porte d’entrée, un grand dessin titré : « mur #1 » semble naître timidement sur cette fibre de verre qui n’est rien d’autre que le revêtement mural de l’intérieur de chez Régis Sénèque. Je suis alors interrogé par cette naissance estompée d’une représentation graphique d’une masse de… » vêtements, couverture, tel un tas indistinct de matières, de formes organiques »… comme le décrit lui-même Régis. Cette image sans concession affirme son absorption par la matière couvrante de ce mur. Face à la porte d’entrée il ne bénéficie pas d’une lumière rasante, comme je l’avais découvert dans l’atelier. Cet éclairage frontal renforce sa muralité en me positionnant face à l’obstacle que constitue ce caractère architectural. Je n’ai plus qu’à reculer, à me retourner pour découvrir ce que je ne faisais qu’entrevoir de l’extérieur.
Une installation dans l’espace me place face à une table porteuse de cet étrange tas textile, où les vêtements, ne peuvent s’identifier car mêlés à une couverture qui ordonnance, tout en contenant le désordre d’un chiffonnage de rebut. En contournant la respiration vestimentaire de cette souple pyramide, je bute sur ce tremblement géologique qui oppose ses plis géométrisés aux mouvances assouplies de cette installation.
Entre extérieur et intérieur je me réfère justement aux paroles de Régis : « Ces éléments sont les composants d’une représen­tation de la réalité, du quotidien, de l’intime et plus précisément de mon quotidien, de mon intimité. »
Régis Sénèque vient de parler d’intimité et c’est ainsi qu’il me fait quitter cette petite table posée sur le commun lino d’un faux parquet, pour me faire lever les yeux sur le mur latéral. « forme », grande photographie autoportrait, donne vie à cet ensemble vestimentaire, car porté par l’artiste, dissimulé complètement à l’exception des jambes et pieds nus. Son intérieur est masqué par le grand désordre de ce « jean » commun mais tourmenté et com­me couvert, paradoxalement encore, par l’ordre du dessin de cette couverture.
Je la retrouve dans une autre photo intitulée « touché #3 », étendue sur un canapé, elle est touchée par une main…sa main qui peut dialoguer avec celles découvertes dans la vitrine. C’est ainsi que cette main intériorise, par son toucher, le rapport de l’artiste à l’espace. Maintenant mon regard s’abaisse et domine cette image, qui me fait me poser sur cette couverture que je viens de quitter au sommet de la « forme » voisine. La déambulation de ma vision, grâce aussi à cet accrochage spatial, me fait mieux vivre intérieurement dans cet espace originalement commun.
Dans la galerie, passer maintenant de l’autre côté, c’est interroger à mon tour une mise en espace manipulée. « C’est un lieu qui, malgré notre présence et ce que l’on peut en apporter comme éléments personnels garde son anonymat, sa forme commune » écrit Régis Sénèque. Sur le mur, deux photos dialoguent par répétition de leurs gestes. « toucher #1 » me fait palper directement l’intérieur de ce lieu, par son adhésion au mur, toujours habillé de cette même toile de verre. A côté, cette même main « toucher #4 » m’associe au corps d’un tronc d’arbre. Je pénètre à l’intérieur d’un bosquet tout en posant mentalement ma main sur la verticalité rigide d’un fût qui barre le passage, tout en me posant devant cet espace-temps.
« Je m’interroge sur la distance, l’espace et le temps qui séparent une personne à une autre, un lieu à un autre, nous-mêmes et l’espace dans lequel on se situe, au vide » se questionne Régis, qui me place devant, et au-dessus de trois maquettes de bâtiments sommaires. Ainsi ce qui couvre habituellement les murs d’un banal intérieur, prend ici du volume pour constituer l’extérieur de ces bâtiments communs. Avec le temps de construire ces maquettes, de les disposer dans l’espace, l’artiste me donne la distance nécessaire pour prendre le recul indispensable à m’interroger à mon tour sur ce qui me sépare entre, lieux rapprochés à toucher, à survoler, grâce à cette distance, à la fois mentale et physique, entre ce que je vois et ce que je vis.
Mon itinéraire exceptionnellement commun va maintenant me reconduire de l’intérieur vers l’extérieur. En longeant à gauche le mur qui aligne une installation photographique « je-u, ou le double dans un lieu multiple » je vais pouvoir enfin jouer avec de multiples mains. Chacune de ces cinq images affirme la présence de deux et jusqu’au double de mains qui se font face pour donner à voir un espace enserré entre deux fragments de silhouettes aveugles. Je suis confronté à la masse sombre de deux morceaux de vêtements, qui ne laissent apparaître que la lumière charnelle de ces mains.
« mon intérieur, cet espace commun » titre de cette exposition, devient le mien car j’en saisit la main qui par son intériorité palpable ouvre sur l’extérieur d’un espace singulièrement commun. Celui-ci peut, paradoxalement encore, par endroit, faire référence à la banalité du bâti exprimé par les maquettes voisines. Chacune de ces photos murales est reprise en miniature et exposée sur une tablette. Par son horizontalité s’ouvre sur l’environne­ment extérieur. De mes mains, je peux imaginer me servir pour emporter dans mon intérieur ces petites icônes religieusement contemplées.
Ces mains, témoins de ma sensibilité intérieure, n’ont cessé tout au long de cet itinéraire de prendre le temps de m’attar­der dans la mise en espace qui pour moi n’a rien de commun.
Pour tous, voilà comment le commun peut devenir singulier. A nous d’en saisir l’unique dans notre espace intérieur.

Bernard Point, mai 2010

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