Gabrielle Wambaugh
Mais, ou, et, donc, or, ni, car.
Conjonctions de coordination
du 6 au 24 janvier 1998
Gabrielle Wambaugh
Études | |
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1993 | Diplôme Supérieur d‘Arts Plastiques |
1989-93 | École nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Ateliers d‘Annette Messager, Barbara Leisgen, Jean-Michel Alberola |
Expositions personnelles | |
1997 | Établissement O. f, Paris, Présentation d‘une installation vidéo FIAC-SAGA Galerie la Ferronnerie, Paris, avec le concours du Ministère de la Culture, Délégation aux Arts Plastiques, Aide à la première exposition |
1996 | Galerie du Haut-Pavé, Paris, Mais, ou, et, donc, or, ni, car. Conjonctions de coordination |
Expositions de groupe | |
1997 | Friesenheimer Insel, Mannheim (Allemagne), Traverse Galerie Renos Xippas, Paris, Préhension Salon de la Jeune Peinture, Paris, Installation photographique |
1996 | American Center, Paris, Open Screen, présentation de vidéos Salon de la Jeune Peinture, Paris, Installation vidéo Salon d‘art contemporain Europ-Art, Genève |
1995 | Carrousel du Louvre, Les coulisses de la culture |
1994 | Salon de Montrouge, Montrouge Festival de Bourges, Vidéo Où sont passées les Danaïdes ? |
1993 | Antony, Regard sur la ville, exposition présentée par Lewis Baltz Galerie Vapauden Aukio, Helsinki (Finlande), Naisten Nauru Festival d‘Hérouville-Saint-Clair, I had a Dream, vidéo à la carte |
1992 | Saint-Valery-sur-Somme, Somme, 19 Amis |
1991 | E.N.S.B.A., Installations sonores |
Bourses | |
1997 | Ministère de la Culture - D.A.P. - Aide à la première exposition |
1996 | D.R.A.C. Picardie - Aide individuelle à la création |
Publications | |
Préhension, Catalogue de l‘exposition, Galerie Renos Xippas | |
As if, tome 1 et tome 2, tirage à 100 exemplaires, Livre d‘artiste | |
L‘intrus, Cargo, revue d‘art et de littérature, C. Cazalé | |
Time Capsule, Paula Cooper Gallery, New York | |
Portes de la Ville, Traces 12, E.N.S.B.A., Introduction par Lewis Baltz |
Un, deux, trois, mais où estdonc Gabrielle Wambaugh ?
Ici, là-bas, ailleurs. Et de nouveau ici, dos au spectateur, ou peut-être encore, comme on le dit parfois, au pied du mur, quand l‘autre est derrière l‘arbre et joue à un intenable cache-cache. Là-bas, ailleurs, ce ne serait pas seulement la distance, un océan de mystères fomentés dans la froideur d‘un atelier. Ce seraient déjà des lieux multiples où rassembler des éléments épars, disparates, aussi indociles et têtus que les gens, la vie...
Gabrielle Wambaugh a en effet choisi de réunir ce qui ne s‘unit pas instinctivement, plutôt que de régler une fois encore la mécanique générale et finalement y ajouter non pas son grain de sable, mais sa goutte d‘huile pour faire comme l‘air du temps vous y pousse, y compris en art. Vous ne saisissez pas, dites-vous ! Mais la question n‘est pas de comprendre. Seulement de (ap)prendre, une fois accepté de rentrer dans la danse que l‘artiste vous propose. Ainsi les dés, ici, ne roulent pas. Ils s‘emboîtent, rendant caduc le vers de Mallarmé «un coup de dé n‘abolit pas le hasard».
Tout est précisément face dans un dé. Il n‘y a ni côté pile comme dans une pièce, ni de revers comme dans une médaille. Lancer les dés ne consiste donc jamais à réaliser un côté des choses plutôt que l‘autre. Et pourtant quand les dés sont jetés, rien ne peut plus être changé. Paradoxe ? Sûrement.
Cette notion d‘emboîtement est présente dans chaque sculpture de Gabrielle Wambaugh. On la retrouve dans une pièce comme Incidence, une sculpture réalisée à partir de deux modules : une photographie et son socle représentant un individu en pied (grandeur nature) placé derrière un arbre de manière à ce que n‘apparaissent que buste et membres et, perpendiculairement mais un peu décalé de l‘ensemble, un container dans lequel poussent des plantes. Le container fabriqué dans le même matériau à l‘identique du socle a également été construit à son échelle, de sorte qu‘agrandi - aux proportions de la photographie - ils forment un parallélépipède, soit une seule et même pièce.
Peut-être parce que le verbe s‘est fait chair ou seulement parce qu‘un corps vif est indissociable de sa voix (qui constitue son chiffre), l‘artiste a créé une pièce sonore composée de six voix (comme le nombre de chiffres du dé et celui des portraits aux cheveux figurant un U, symbole mathématique de l‘union). Six voix qui, bien entendu, s‘enchâssent...
Encore un mot... Si Gabrielle Wambaugh utilise vidéo, photographie et bandes son pour créer des images appartenant à la catégorie spécifique de l‘art, elle ne considère pas pour autant que constituer, voire recycler une image soit (comme certains voudraient le faire accroire) la fin logique de la pratique artistique de cette fin de siècle. Pas plus qu‘elle n‘est but, l‘image n‘est d‘ailleurs un matériau que l‘artiste contemporain aurait en charge d‘extraire de la technique, des médias, ou de la publicité... Bref ! de systèmes dont le rôle est précisément de le produire. Ceci dit, Gabrielle Wambaugh n‘en nie pas pour autant les rapports multiples qu‘elle entretient avec la technologie. À ceci près que loin de la fasciner, l‘optique et l‘électronique ne l‘intéressent que dans la mesure où elles peuvent être utilisées comme des outils susceptibles de lui permettre de réaliser un travail en rapport avec la sculpture.
Même si - en apparence - elles semblent ne pas suivre un identique processus d‘élaboration, un lien structurel unit les sculptures et les dispositifs vidéo et sonores de Gabrielle Wambaugh. Chaque pièce est au moins formée de deux unités constitutives, dont l‘une est plus particulièrement en rapport avec le temps, l‘autre avec l‘espace. Ce rythme binaire, présent dans tous les travaux de l‘artiste, n‘est pas sans évoquer les outils dont elle se sert dont l‘image numérique (constituée à partir d‘une suite de 0 et 1). Une façon de dire clairement d‘où vient ce qui est donné à voir. On remarquera aussi que la plupart des pièces sont des portraits, dont les visages ne sont jamais montrés. Lieu de la séduction et déjà de l‘illusion, la figure est dérobée au profit d‘une expressivité moins immédiate, mais tout aussi riche : la gestuelle - du corps dans sa double fonction d‘émetteur-récepteur...
Ce va-et-vient d‘un support à un autre, d‘une image à un texte... est au coeur des réalisations de Gabrielle Wambaugh.
Catherine Cazalé, Paris, décembre 1997