Aurélie SCOUARNEC

« ERRES »

Exposition du 7 mars au 1er avril 2023

Vernissage mardi 7 mars 2023 de 18h à 21h

L’écume, 2018, série Anamnêsis

On entre dans l’univers visuel d’Aurélie Scouarnec comme sur la pointe des pieds, avec la crainte que l’harmonie si délicate de ses photographies ne s’évanouisse si l‘on était trop bruyants. On se surprend à retenir son souffle, à se rapprocher et à plisser les yeux… Jamais certains de ce que l’on voit, mais d’emblée subjugués par la puissance évocatrice de ses images, où cadres subtils et lumières vacillantes conjuguent l’ellipse, le détail, le hors champ, et attisent l’énigme.

Résurgences contemporaines des contes et légendes ancestraux de la Basse-Bretagne (Anaon), chorégraphie atmosphérique d’une cosmogonie originelle (Anamnêsis), évocation de l’altérité animale et de notre lien au sauvage (Feræ) : d’une série à l’autre, qui sont autant quêtes des marges et de l’invisible qu’épopées intimes, Aurélie Scouarnec déploie des mondes atemporels et sensoriels qui envoûtent et nous immergent intensément. Des mondes qui dessinent des contours plutôt qu’ils ne bâtissent un centre, qui suggèrent plus qu’ils ne disent, qui font la part belle au mystère, au païen. Des mondes parcellaires, à la limite de la représentation, oscillant entre un ancrage profond dans la matière des éléments naturels et une forme d’indicible, de sacré.

Un chemin s’enfonçant dans l’épaisseur nocturne et inquiétante d’une forêt dressant ses épines et ses branches nues, un cheval aveuglé par sa crinière ruisselante d’humidité, une main posée dans le creux d’un tronc d’arbre … Anaon (2016-2018) invoque le royaume breton où vivent les âmes des défunts, et fait émerger un paysage traversé de signes et de vibrations. Minéraux, végétaux, animaux et humains s’assemblent en une ronde de formes sculptées par des lumières brisées. Quelque chose s’est passé, une cérémonie qui nous échappe, et dont il ne reste que les traces silencieuses.

Ce paysage-signe est la clé de voûte des images d’Aurélie Scouarnec, et les photographies d’Anamnêsis (2018-2022) laissent plus encore éclater la relation fusionnelle et organique avec le paysage. Nimbées d’une lumière sombre, elles semblent se tenir sur le seuil entre visible et invisible, formel et informel, témoignant de l’apparition de la forme dans le vaste chaos originel. Étreinte cosmogonique dans des draps froissés, noces nocturnes sous ciel étoilé, elles entremêlent, entre apaisement et fureur, matières naturelles et bribes de corps qui s’effleurent, se cherchent, se saisissent, s’agrippent, au sein d’un tempétueux paysage primitif. Rencontres des masses solides et liquides, écumes et mousses épaisses, écoulement de fluides, chevelures, peaux et roches toutes ensemble humides.

Avec Feræ (2020-2022), Aurélie Scouarnec interroge la captivité éphémère d’animaux sauvages recueillis en centres de soins. Les photographies apparaissent comme les caisses de résonances de la souffrance de cette faune blessée aux corps malhabiles en tension, parfois dans l’abandon. Les mains des soignants s’enroulent autour des animaux. Elles manipulent attentivement, pansent, disparaissent sous les duvets de plumes. Elles prennent en étau aussi, elles enserrent. Feræ révèle ainsi, dans le sillon d’Anaon et d’Anamnêsis, le pouls vital et l’énergie lumineuse de ce qui palpite et vibre tout autour de nous.

Eric Bouttier, février 2023

Roc’h, 2016, série Anaon
Cheval à la nuit, 2017, série Anaon

Aurélie Scouarnec (née en 1990) est une photographe qui vit et  travaille à Paris. Elle a été lauréate de la Bourse du Talent en2021, finaliste du Festival International de Photographie de Hyères en 2018.

Son travail a été présenté à la BnF en 2021, à la galerie l’Imagerie à Lannion en 2020 ainsi que dans différents lieux ces dernières années. Elle vient d’obtenir en 2022 le Soutien à la Photographie Documentaire contemporaine du CNAP pour un nouveau projet. Un livre est prévu en 2023 aux éditions Rue du Bouquet.

Hélène NERAUD

« L’origine du silence »

Exposition du 8 novembre au 10 décembre 2022

Vernissage mardi 8 novembre de 18h à 21h

Le retour (le Dôme), 2012-2022, photographie numérique

Hélène Néraud est née en 1986 à Mont Saint Aignan, elle vit et travaille à Rouen.

Diplômée de l’école des Beaux arts de Rouen en 2010, elle mène une pratique artistique qui met en place un dialogue entre peinture, céramique et photographie et qui s’articule autour de  la notion d’exploration  de la pensée et de la mémoire du paysage, spécifiquement autour des paysages de haute montagne.

Il s’agit donc d’une recherche de reconnaissance, une tentative de mise au point et d’un éclairage sur une exploration  presque mystique des territoires de grande solitude

Par ailleurs, la couleur  est au cœur de ses préoccupations de forme et d’espace.

Private Joke(the dark one), 2021, 100x30x30cm, grès, verre, adhésif, confettis.(vue d’atelier)

La terre, matériau découvert et apprivoisé par l’artiste depuis plus d’une dizaine d’année, est le médium  qui lui permet de mettre en volume son rapport à la couleur.

Un matériau auquel elle est profondément attachée, sans être esclave des contraintes techniques qui sont inhérentes à cette matière.

Elle n’entretient pas un rapport d’exclusivité avec elle, au contraire,  le dialogue entre ses différents matériaux de prédilection permet de mettre en volume la couleur et son pouvoir d’attraction.

C’est à travers cette transdisciplinarité qu’Hélène Néraud se laisse aller à  rêver la couleur, tout en tentant de la révéler pour apprendre à mieux  la  posséder.

Le bout du monde II (détail), 110x70x60cm, 2019, grès émaillé.

Elle a participé à plusieurs expositions collectives dont : 

Rencontre n°41, La vigie, Nîmes, Autour d’une même terre, Le quadrilatère, Beauvais.

Elle a aussi exposé ses travaux au cours d’expositions personnelles :

Le bout du monde,  Le pays où le ciel est toujours bleu,(POCTB),  saison de la Borne à Nogent le roi.

L’envers du plan,  le pavillon, école d’art de Pantin.

Elle participera en 2023 aux expositions collectives suivantes :

 1, 2,3 couleur,  Espace Chailloux  pour l’art  Contemporain, Fresnes et  Mac Paris 2023, Espace Bastille, Paris.

http://helene.neraud.free.fr/

Longjun ZHANG

« Entre ici et là »

Exposition du 10 mai au 4 juin 2022

Vernissage mardi 10 mai de 18h à 21h

Les thèmes chers à Longjun Zhang sont les paysages, les objets du quotidien, les hommes…

Un homme est affalé dans un fauteuil, deux autres se mettent nus, un autre est assis face à nous prenant appui sur ses coudes, d’autres s’étreignent. L’homme marque là le point de tangence du vide et de la stabilité. Leur irréciprocité, sauf un couple qui s’enlace, est génératrice d’interrogation presque de mystère.

Que font-ils ? Ils semblent évoluer sans nous remarquer, presque dans un vide marqué par la couleur ou plutôt la non-couleur – le noir, le gris, le blanc – qui permettent l’approfondissement du sujet sur la toile, même si le noir a la propriété d’en aggraver les formes. Les toiles se cherchent dans la confrontation de ces corps, dans le débat entre les diverses inhibitions et censures que l’homme s’attribue à lui-même. Des figures pourtant désirantes faites souvent à partir de photos prises sur internet.

Les paysages sont plus apaisés. À la première lecture, ces déserts où toute présence humaine est effacée jettent le trouble tant l’image picturale, par une puissance qui frappe le regard, garde ses distances avec un regardeur possible. Les couleurs souvent presque sourdes réagissent à l’intérieur de leur propre lumière aux limites d’un silence et d’un calme apaisant. L’usage de la brosse et de pinceaux de différentes tailles permet à la peinture de se déployer et de faire surgir des transparences et une cosmogonie écrite dans les ombres et les lumières.

À ces deux séries bien identifiées, s’ajoutent des toiles de petit format sur la thématique de la main. Dotées d’une grande puissance suggestive, elles traduisent l’expression des sentiments et de la pensée, rappelant que dans la pratique de la peinture occidentale et de la calligraphie chinoise que Longjun connaît bien, la main qui tient le pinceau est une mémoire sans paroles, une mémoire d’expérience, faite de transmission, et fondée sur une accumulation d’apprentissages et d’oublis.

Il ne faudrait pas croire que la peinture de Longjun Zhang n’est faite que d’ombres et de violence. À y regarder de plus près, le peintre fait surgir des formes où la charge émotionnelle est tellement forte qu’elle peut sembler parfois assourdissante. Elle est en tous cas éclairée par une pensée très pure et forte qui s’immerge dans les formes peintes. Ses toiles peuvent évoquer Munch, Goya, Manet, plus récemment Joan Mitchell ou Marlène Dumas que Longjun Zhang aime à citer comme ses maîtres mais elles ne répètent jamais aucun modèle. Ses tableaux nous happent et nous nous laissons baigner par cette peinture majestueusement déployée où il nous incite à entrer.

Françoise Docquiert

Après des études à l’université Jiaotong du Sud-Ouest en Chine et un master en Arts Plastiques à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Longjun Zhang vit et travaille à Aubervilliers.

zhanglongjun.6@gmail.com

www.longjunzhang.com

Lydie CHAMARET

« Le patron de la sculpture »

Exposition du 7 au 18 décembre 2021 et du 4 au 15 janvier 2022

Vernissage mardi 7 décembre 2021 de 18h à 21h

Mes plats déployés, 2019, modélisme, couture, drap de laine bouclé, portant métallique. 250 X 160 X 30 cm
Peau d’orange, 2018, dentelle au fuseau, broderie, fils de cuivre, soie. 12 X 20 X 15 cm

Certaines pièces jouent sur le décalage, le paradoxe entre la spontanéité, la rapidité d’un geste banal du quotidien – éplucher une clémentine – et les longues heures de travail nécessaires à la technique de la dentelle au fuseau. La peau du fruit comme rebut devient elle-même le patron aléatoire de l’oeuvre à venir (Pelures de clémentines, 2017), qui fixe un geste fugace. Il en résulte un souvenir de l’anatomie de l’objet rendu sensible, organique par la fragilité de la dentelle.

Pelure de Clémentine, 2017, Dentelle au fuseau, fils de cuivre. 36,5 X 36,5 cm

Les oeuvres de Lydie Chamaret montrent un intérêt récurrent pour des vêtements et des coutumes de la fin du 19ème et début du 20ème siècle.

Une période de bouleversement artistique pendant laquelle s’articulent la fusion de l’art et du décoratif, avec en tête de proue des artistes/artisans de l’Art Nouveau comme Guimard, Gallé et Lalique. Un art ornemental inspiré des végétaux, du monde animal, du vivant, et transfiguré par l’invention de nouvelles techniques de l’art verrier, de la céramique ou du métal.

Les sculptures en dentelle au fuseau de Lydie Chamaret pourraient d’ailleurs être une transposition en volume des planches dessinées par Ernst Haeckel. Il s’en dégage une ambiguïté propice à l’imagination, des formes équivoques naviguant entre les états du vivant et de la matière.

Tout ce qui constitue le folklore de l’époque : les carnavals, les fêtes populaires colorées, l’excentricité de la mode (que l’on retrouve dans le Montmartre de Toulouse-Lautrec, illustrateur de l’Art Nouveau) semblent être un lointain héritage et une source d’inspiration. Elle en retient ces moments baroques où l’on se travestit, se cache, se montre sous d’autres facettes.

Cyril Gouyette, février 2020

www.lydiechamaret.com