Yoann XIMENES

« Sound System(s) »

Exposition du 6 juin au 2 juillet 2023

Vernissage mardi 6 juin 2023 de 18h à 21h

Né à Perpignan et vivant actuellement à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), Yoann Ximenes a un parcours atypique mais construit. Diplômé en langues étrangères, puis en ingénierie culturelle et finalement en « Art Contemporain et Nouveaux Médias » à l’Université Paris 8, l’artiste articule son travail autour de la communication et de sa mise en forme. Chargé de cours à l’Université Paris 8 pendant 5 ans il a été l’un des assistants de production au sein de l’atelier de l’artiste Carlos Cruz-Diez. Entre autres il remporte en 2015 le Prix Yicca à Rome, représente la France lors de la Biennale Mediterranea #18 à Tirana (Albanie) en 2017 et reçoit en 2020 le 1er prix de la Fondation Charles Oulmont.

L’artiste mène une recherche poétique fondée sur l’observation du phénomène sonore. Il met en scène ce que l’on ne peut voir ; que ce soit les discours politiques ayant forgé le monde moderne, la guerre des mots dans le conflit israélo-palestinien, le 1er cri du 1er bébé éprouvette, la naissance de l’Univers en Égypte Antique, le chant de planètes ou la perte de biodiversité. Ses œuvres confondent les stimuli sensoriels, imbriquent  le sonore et le visuel qui se répondent, tel un écho de la forme. Les recherches de l’artiste explorent les énergies sonores dans le processus créatif afin de questionner notre appréhension du monde.

Sound System[s]

En quelle mesure l’univers sonore façonne le monde physique et influence notre appréhension de la réalité ?

Il est un fait indéniable aujourd’hui : nous vivons sur une planète vibrante, dans un univers en vibrations. La Science ne cesse fournir des preuves, de ce que Hans Jenny[1] explicitait dans les années 60 : « À chaque fois que nous observons la Nature, animée ou inanimée, de nombreux éléments attestent des systèmes périodiques »[2]. Depuis la plus petite échelle jusqu’à la plus grande, les choses de l’univers existent par périodicités, pulsations, oscillations et vibrations. Ça sonne dans tous les coins. Le son est une énergie invisible et immatérielle qui n’existe que s’il y a un corps pour le diffuser. Il est la conséquence d’un mouvement de matière qui le révèle et l’incarne ; sans elle aucune périodicité, pulsation, oscillation et vibration ; aucun son.

Dans cette exposition intitulée « Sound System[s] » l’artiste aborde l’importance de la communication et de sonorités dans notre compréhension du monde. Ici différents échos résonnent ; la parole des hommes politiques qui influence notre monde vulgairement dénommé le « système » ; le cris des oiseaux éradiqués au sein de leur écosystème ; et enfin la mélodie du système solaire.

Il nous présente une partie de son projet « Mantras » ; interprétation contemporaine de la Création, appréhendée comme un « work in progress », dans lequel il aborde notre civilisation actuelle, caractérisée par une cacophonie incessante (infos 24/24, moyens de communication à outrance, paroles creuses, paroles avant réflexions, …) qui se déleste du mot juste et précis. Pourtant, les mots métamorphosent le monde. Persuader les foules pour emporter l’adhésion, convaincre pour faire la décision, communiquer avec acuité pour transmettre, … : autant d’actions qui nécessitent un discours calibré au millimètre. S’ils sont justes, les mots deviennent des armes, des passions, …

Cette omniprésence de la communication humaine, intra-espèce, vient se mesurer à la communication inter-espèces, entre nous et le vivant animal. La série « Souvenir from Earth » entend montrer comment depuis l’enregistrement de biotopes on peut constituer un langage musical et le mettre en scène plastiquement afin de construire une œuvre politique engagée pour la conservation des écosystèmes. Rendre visuellement palpable des chants d’oiseaux disparus, permet d’éveiller une émotion plus forte qu’une simple liste de noms. « Souvenir from Earth » est une série de sculptures en charbon, insérée sous cloche à la manière des taxidermies, illustrant chacune un chant d’espèce aviaire fossilisé, à tout jamais perdu.

Enfin des photographies retravaillées à la dorure de son installation audiovisuelle « La symphonie des vagabonds », déambulation mystique que nous entretenons avec le cosmos, ouvre un dernier volet spirituel de cette exposition.


[1]Hans Jenny était un physicien et un naturaliste suisse qui a inventé le terme de Cymatique pour décrire les effets acoustiques des phénomène d’ondes sonores.

[2]« Whenever we look in Nature, animate or inanimate, we see widespread evidence of periodic systems. » in Hans Jenny, Cymatics : A Study of Wave Phenomena and Vibration, éd. Macromedia, 2007, p.15

Anne DA SILVA

« Là où se lient la terre et le ciel fleurissent des jardins »

Exposition du 4 avril au 20 mai 2023

Attention, fermeture de la Galerie du 22 avril au 9 mai

Vernissage mardi 4 avril 2023

Colonnes – 2023 – détail

Marcher lentement, réemprunter les mêmes chemins.

Flâner, observer, dériver.

Détailler les alentours,

en connaître les habitants et leurs cycles, les sédiments.

Déplacements, le dedans au-dehors,

au dedans d’un plus vaste que soi.

Appartenir à ce vivant-là,

entrelacs du corps et du monde, cohabitations multiples.

Empiétements.

Le travail artistique s’ouvre avec la disponibilité à rejoindre

et se confondre à l’autour.

Nous sommes faits du monde, bêtes, cieux, cailloux, microbes, forêts,

et eaux mouvantes.

Il s’agit, dans mon travail de lectures, de recherches et d’atelier, de guetter les

appartenances communes entre humains et non-humains,

les porosités de règnes, les récits à multiples voix.

Déplacer et multiplier les « points de vies »

A travers mes sculptures, installations immersives ou écrits je convoque une poétique de la parenté, et des itinéraires croisés.

Je guette les mémoires mélangées de l’humain et du monde organique, les continuités de formes, de matières et parfois de sons.

Je cherche, là où souvent notre quotidien nous sépare, à restaurer avec le monde vivant des indéterminations, des cohabitations et des zones de partage.

Je fouille l’expérience d’un sol en commun, d’une ascendance partagée et d’un avenir lié.

Pour ce faire, chaque projet est au long court et souvent composite.

Il nécessite de larges tranches de temps, des rencontres, collaborations, apprentissages de techniques, de savoirs faire et d’histoires.

Le travail de la sculpture est central, il procède d’un temps patient de transformation d’une matière récoltée sur le terrain.

Cuisson, trempage, suture, tannage …

le geste artisan au service de l’émergence d’une forme, d’une structure déjà suggérée par les propriétés des matériaux sélectionnés.

La matière devenant forme, elle stratifie de possibles histoires/récits qui de longues dates se partagent, façonnant nos cultures.

Colonnes – 2023 -détail

Anne Da Silva, née en 1981 en Auvergne est une artiste plasticienne installée au bord de la rade de Brest où elle vit et travaille.

«Dans la proximité qu’elle entretient avec le vivant, Anne guette les composantes d’une humanité emmêlée à ses alentours, nécessairement composite. Ses sculptures et installations empruntent au monde organique des matières, des formes et des agencements, d’où finira par jaillir le sens, au terme d’un travail long, lent et soutenu, au cours de laquelle des intuitions se précisent et des récits s’écrivent.»

Louis Doucet, Janvier 2023

www.anne-dasilva.com/

Aurélie SCOUARNEC

« ERRES »

Exposition du 7 mars au 1er avril 2023

Vernissage mardi 7 mars 2023 de 18h à 21h

L’écume, 2018, série Anamnêsis

On entre dans l’univers visuel d’Aurélie Scouarnec comme sur la pointe des pieds, avec la crainte que l’harmonie si délicate de ses photographies ne s’évanouisse si l‘on était trop bruyants. On se surprend à retenir son souffle, à se rapprocher et à plisser les yeux… Jamais certains de ce que l’on voit, mais d’emblée subjugués par la puissance évocatrice de ses images, où cadres subtils et lumières vacillantes conjuguent l’ellipse, le détail, le hors champ, et attisent l’énigme.

Résurgences contemporaines des contes et légendes ancestraux de la Basse-Bretagne (Anaon), chorégraphie atmosphérique d’une cosmogonie originelle (Anamnêsis), évocation de l’altérité animale et de notre lien au sauvage (Feræ) : d’une série à l’autre, qui sont autant quêtes des marges et de l’invisible qu’épopées intimes, Aurélie Scouarnec déploie des mondes atemporels et sensoriels qui envoûtent et nous immergent intensément. Des mondes qui dessinent des contours plutôt qu’ils ne bâtissent un centre, qui suggèrent plus qu’ils ne disent, qui font la part belle au mystère, au païen. Des mondes parcellaires, à la limite de la représentation, oscillant entre un ancrage profond dans la matière des éléments naturels et une forme d’indicible, de sacré.

Un chemin s’enfonçant dans l’épaisseur nocturne et inquiétante d’une forêt dressant ses épines et ses branches nues, un cheval aveuglé par sa crinière ruisselante d’humidité, une main posée dans le creux d’un tronc d’arbre … Anaon (2016-2018) invoque le royaume breton où vivent les âmes des défunts, et fait émerger un paysage traversé de signes et de vibrations. Minéraux, végétaux, animaux et humains s’assemblent en une ronde de formes sculptées par des lumières brisées. Quelque chose s’est passé, une cérémonie qui nous échappe, et dont il ne reste que les traces silencieuses.

Ce paysage-signe est la clé de voûte des images d’Aurélie Scouarnec, et les photographies d’Anamnêsis (2018-2022) laissent plus encore éclater la relation fusionnelle et organique avec le paysage. Nimbées d’une lumière sombre, elles semblent se tenir sur le seuil entre visible et invisible, formel et informel, témoignant de l’apparition de la forme dans le vaste chaos originel. Étreinte cosmogonique dans des draps froissés, noces nocturnes sous ciel étoilé, elles entremêlent, entre apaisement et fureur, matières naturelles et bribes de corps qui s’effleurent, se cherchent, se saisissent, s’agrippent, au sein d’un tempétueux paysage primitif. Rencontres des masses solides et liquides, écumes et mousses épaisses, écoulement de fluides, chevelures, peaux et roches toutes ensemble humides.

Avec Feræ (2020-2022), Aurélie Scouarnec interroge la captivité éphémère d’animaux sauvages recueillis en centres de soins. Les photographies apparaissent comme les caisses de résonances de la souffrance de cette faune blessée aux corps malhabiles en tension, parfois dans l’abandon. Les mains des soignants s’enroulent autour des animaux. Elles manipulent attentivement, pansent, disparaissent sous les duvets de plumes. Elles prennent en étau aussi, elles enserrent. Feræ révèle ainsi, dans le sillon d’Anaon et d’Anamnêsis, le pouls vital et l’énergie lumineuse de ce qui palpite et vibre tout autour de nous.

Eric Bouttier, février 2023

Roc’h, 2016, série Anaon
Cheval à la nuit, 2017, série Anaon

Aurélie Scouarnec (née en 1990) est une photographe qui vit et  travaille à Paris. Elle a été lauréate de la Bourse du Talent en2021, finaliste du Festival International de Photographie de Hyères en 2018.

Son travail a été présenté à la BnF en 2021, à la galerie l’Imagerie à Lannion en 2020 ainsi que dans différents lieux ces dernières années. Elle vient d’obtenir en 2022 le Soutien à la Photographie Documentaire contemporaine du CNAP pour un nouveau projet. Un livre est prévu en 2023 aux éditions Rue du Bouquet.

Hommage à Kozo, Antoine Larène, Satish Panchal

EXPOSITION DU 7 AU 18 FÉVRIER 2023

Vernissage mardi 7 février de 18h à 21h

La galerie du Haut-Pavé rend hommage à Kozo, Antoine Larène et Satish Panchal qui, lorsqu’ils étaient de jeunes artistes ont déjà eu l’occasion d’y présenter des expositions personnelles. Ils étaient tous trois fidèles et investis dans la vie de la galerie.


Kozo

Kozo, Camélia, acrylique sur toile

Kozo, Camélia, acrylique sur toile

Caravage et Camélia

Au XVIe siècle, l’émergence du Caravage dans le monde de l’art italien a eu un impact bouleversant sur les peintures cette époque.

Désireux de créer son propre univers, Caravage a introduit le clair-obscur dans ses peintures en jouant sur les contrastes de lumière. Cette dynamique entre ombre et lumière apportait une incomparable profondeur à l’espace pictural.

Son influence s’est répandue dans toute l’Europe, inspirant de nombreux artistes des XVIème et XVIIème siècles.

Je suis aussi particulièrement attiré par les œuvres de Rembrandt et de Georges de La Tour.

Leurs œuvres expriment une lumière émise de ‘’l’intérieur de l’existence’’ vers une lumière allant vers l’extérieur.

D’autre part, en Orient, dans les peintures bouddhistes, ésotériques, de la période Heian au Japon. Je vois une autre lueur, mystérieuse.

Dérivant des profondeurs du monde de Bouddha, les choses lumineuses ont un point commun, un sens universel avec la lumière de Rembrandt et celle de Georges de La Tour.

Qu’est-ce ?

Que dois-je faire pour m’approcher de cette lumière ?

Près de dix ans se sont écoulés depuis que j’ai commencé à peindre des camélias dans mon atelier à Izu.

Tout en étant captivé par la lumière de la vie qui déborde d’un cœur de camélia, je pense à une autre douce lumière qui ressemble à la tristesse qui émane d’un tableau de Rembrandt.

Kozo Inoué, Décembre 2004


Antoine Larène

L’espace de la sculpture est une mémoire…

« Antoine Larène est un découvreur, voire un aventurier des secrets du bois. Sa familiarité avec le bois se fait pour nous provocatrice de connivences nouvelles. Le style qu’il impose à ses bois par surfaces planes et structures rectilignes, leur conjugue sans heurt des volumes inattendus libres et souples. On pourrait parler d’intégration ; je crois mieux dire en reprenant le mot de familiarité pour les rapports qui s’établissent entre ces éléments pourtant divers. C’est une des grâces du grand respect que lui portent et la main et l’esprit qui d’abord les y cherchent puis les y pressentent, enfin les y trouvent.

Le travail d’un autre aurait pu conduire à l’hétérogène ; mais l’exigeante unité, Antoine Larène a su le maintenir ici. Ce dialogue peut être (il nous le prouve) aventureux et équilibré : aussi naturel qu’au cœur de l’homme entre l’amour et la raison. Il y faut toutefois forte présence du meneur de jeu, assez personnel pour avoir osé. » extraits Gilles Vallée

Finalement les déploiements de peupliers marquent un tournant dans son inspiration et sa création.


Satish Panchal

Satish Panchal nait à Bombay en 1935. Il a 16 ans au décès de son père. Dans la journée, il alterne les petits boulots et les cours, il peint la nuit. Très jeune, il montre une grande habileté et un intérêt pour l’art. Il obtient son diplôme à la J.J. School of Art, et devient responsable de la communication visuelle de la Galerie Chemould où il se lie d’amitié avec les artistes, ses ainés : Gaitonde, Ambadas, Homi Patel, et ses contemporains : Barwe, Navjot, Altaf, Darshan.

Bombay est une métropole active, centre des affaires et siège de la plus importante industrie mondiale du cinéma, « Bollywood ». Différents centres culturels étrangers proposent au public leurs actualités artistiques : revues, catalogues, ciné-clubs, conférences… Les jeunes artistes sont curieux d’aller à la rencontre d’autres pratiques, de se mesurer à de nouveaux défis.

Installé à Paris au début des années 70, Satish Panchal rejoint quotidiennement son atelier du Bateau-Lavoir où il travaille la journée durant au son des ragas, musique classique indienne à laquelle il reste fidèle toute sa vie, indispensable à son inspiration. C’est un artiste tour à tour silencieux, enjoué, réfléchi, affable.

Panchal choisit très tôt la voie de l’abstraction, après des débuts brièvement figuratifs. La peinture à l’huile et la gravure sur bois sont les mediums qu’il privilégie. Il observe les oeuvres de Joseph Sima, Ad Reinhardt, Robert Ryman… des oeuvres qui sont autant de défis à l’image. Ainsi, l’abstraction de Panchal n’a pas recours aux archétypes pop de la culture indienne, ni aux formes du tantrisme ou à d’autres totems.       

Ses tableaux déploient des compositions lumineuses et colorées où l’espace, porteur de formes en suspens, s’anime d’autres espaces aux consistances subtiles. Par des gestes attentifs, la peinture déposée par touches successives à la surface de la toile permet de donner à celle-ci une épaisseur, une forme de vibration. Les tableaux confèrent ainsi une profondeur à un jeu de surfaces traversées de lignes, d’échappées, où les espaces malgré leur partition semblent cohabiter dans une abstraction apaisée. L’artiste souhaitait selon ses mots « déranger l’espace, pour ne pas le déranger ».

Ses souvenirs d’enfance, son profond attachement aux couleurs, senteurs, saveurs et harmonies de la mère-patrie ont soutenu son long exil – cinquante ans de vie à l’occidentale – avant de s’éteindre au coeur de sa famille, sur la côte bretonne la veille de ses 86 ans.

Ines SPANIER

« In the Land of last things »

Exposition du 10 janvier au 4 février 2023

Vernissage mardi 10 janvier 2023 de 18h à 21h

www.ines-spanier.de