Margaux LELIEVRE

« Des cales pour les murs »

Exposition du 27 septembre au 22 octobre 2022

Vernissage mardi 27 septembre de 18h à 21h

Il existe une forme de minimalisme décontracté dans le travail de Margaux Lelièvre. Dans la répétition des formes, précise. Dans le questionnement du temps, dans certains gestes. Celui de l’écalage par exemple, qui revient régulièrement dans son travail, comme inversé, à la manière du kintsugi, pour reconstituer des noix, de différentes sortes. Inverser, encore, une peau de clémentine. Poser un objet fragile, en équilibre sur un autre, qui l’est tout autant. Elle joue, bien sûr, des tensions entre le visible et l’invisible, demande à ce que l’on cherche, un peu, à déceler des choses qui se seraient fondues dans le décor, invite le regardeur à une observation attentive, elle met dans l’équation la perception. Le lourd ne pèse plus rien, des pavés et des briques de ruban adhésif, une étagère en polystyrène, des socles de papier.
L’humour est une composante de son travail, il faut aussi le lire, tout comme l’intelligence et la poésie. Mais il y a une forme de résistance signifiante dans toutes ses installations. A l’instar d’un Claude Cattelain, balayant la jetée dans le fracas des vagues de la mer du Nord, Margaux résiste par la fragilité des choses, la légèreté et l’application à produire des gestes qui paraitraient inutiles à tant de personnes. Des gestes calmes, répétés, qui seraient proches d’une forme de méditation. Des gestes qui ne sont pas virtuoses car elle aborde des domaines trop variés (broderie, dessin, sculpture, gravure, pliage, bricolage etc.) mais ils sont tous d’une si grande application que l’on pourrait les qualifier de sincères.
Il y a en Chine, dans certains parcs publics, des calligraphes qui tracent leurs signes à l’eau sur la pierre, au soleil. Cette calligraphie éphémère et urbaine se nomme le Dishu. Le signe s’anime, se transforme jusqu’à disparaître le temps, rapide, du séchage. On comprend bien là, l’importance du geste. Pour autant, ces signes éphémères qui s’animent n’en sont pas moins oeuvres. Il y a de cela dans le travail de Margaux.
Des cales pour les murs, certainement, c’est le titre qu’elle a choisi, mais aussi des murs pour ses cales, qui méritent toute notre attention. 
Alexandre Leger
Septembre 2022

Margaux Lelièvre est née en 1990, elle vit et travaille à Paris.
Diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2019, elle est lauréate de plusieurs prix
dont celui du parcours Aparté 2021 pour lequel elle bénéficie d’une résidence de
recherche à la Fondation Thalie, à Bruxelles.