Hommage à Kozo, Antoine Larène, Satish Panchal

EXPOSITION DU 7 AU 18 FÉVRIER 2023

Vernissage mardi 7 février de 18h à 21h

La galerie du Haut-Pavé rend hommage à Kozo, Antoine Larène et Satish Panchal qui, lorsqu’ils étaient de jeunes artistes ont déjà eu l’occasion d’y présenter des expositions personnelles. Ils étaient tous trois fidèles et investis dans la vie de la galerie.


Kozo

Kozo, Camélia, acrylique sur toile

Kozo, Camélia, acrylique sur toile

Caravage et Camélia

Au XVIe siècle, l’émergence du Caravage dans le monde de l’art italien a eu un impact bouleversant sur les peintures cette époque.

Désireux de créer son propre univers, Caravage a introduit le clair-obscur dans ses peintures en jouant sur les contrastes de lumière. Cette dynamique entre ombre et lumière apportait une incomparable profondeur à l’espace pictural.

Son influence s’est répandue dans toute l’Europe, inspirant de nombreux artistes des XVIème et XVIIème siècles.

Je suis aussi particulièrement attiré par les œuvres de Rembrandt et de Georges de La Tour.

Leurs œuvres expriment une lumière émise de ‘’l’intérieur de l’existence’’ vers une lumière allant vers l’extérieur.

D’autre part, en Orient, dans les peintures bouddhistes, ésotériques, de la période Heian au Japon. Je vois une autre lueur, mystérieuse.

Dérivant des profondeurs du monde de Bouddha, les choses lumineuses ont un point commun, un sens universel avec la lumière de Rembrandt et celle de Georges de La Tour.

Qu’est-ce ?

Que dois-je faire pour m’approcher de cette lumière ?

Près de dix ans se sont écoulés depuis que j’ai commencé à peindre des camélias dans mon atelier à Izu.

Tout en étant captivé par la lumière de la vie qui déborde d’un cœur de camélia, je pense à une autre douce lumière qui ressemble à la tristesse qui émane d’un tableau de Rembrandt.

Kozo Inoué, Décembre 2004


Antoine Larène

L’espace de la sculpture est une mémoire…

« Antoine Larène est un découvreur, voire un aventurier des secrets du bois. Sa familiarité avec le bois se fait pour nous provocatrice de connivences nouvelles. Le style qu’il impose à ses bois par surfaces planes et structures rectilignes, leur conjugue sans heurt des volumes inattendus libres et souples. On pourrait parler d’intégration ; je crois mieux dire en reprenant le mot de familiarité pour les rapports qui s’établissent entre ces éléments pourtant divers. C’est une des grâces du grand respect que lui portent et la main et l’esprit qui d’abord les y cherchent puis les y pressentent, enfin les y trouvent.

Le travail d’un autre aurait pu conduire à l’hétérogène ; mais l’exigeante unité, Antoine Larène a su le maintenir ici. Ce dialogue peut être (il nous le prouve) aventureux et équilibré : aussi naturel qu’au cœur de l’homme entre l’amour et la raison. Il y faut toutefois forte présence du meneur de jeu, assez personnel pour avoir osé. » extraits Gilles Vallée

Finalement les déploiements de peupliers marquent un tournant dans son inspiration et sa création.


Satish Panchal

Satish Panchal nait à Bombay en 1935. Il a 16 ans au décès de son père. Dans la journée, il alterne les petits boulots et les cours, il peint la nuit. Très jeune, il montre une grande habileté et un intérêt pour l’art. Il obtient son diplôme à la J.J. School of Art, et devient responsable de la communication visuelle de la Galerie Chemould où il se lie d’amitié avec les artistes, ses ainés : Gaitonde, Ambadas, Homi Patel, et ses contemporains : Barwe, Navjot, Altaf, Darshan.

Bombay est une métropole active, centre des affaires et siège de la plus importante industrie mondiale du cinéma, « Bollywood ». Différents centres culturels étrangers proposent au public leurs actualités artistiques : revues, catalogues, ciné-clubs, conférences… Les jeunes artistes sont curieux d’aller à la rencontre d’autres pratiques, de se mesurer à de nouveaux défis.

Installé à Paris au début des années 70, Satish Panchal rejoint quotidiennement son atelier du Bateau-Lavoir où il travaille la journée durant au son des ragas, musique classique indienne à laquelle il reste fidèle toute sa vie, indispensable à son inspiration. C’est un artiste tour à tour silencieux, enjoué, réfléchi, affable.

Panchal choisit très tôt la voie de l’abstraction, après des débuts brièvement figuratifs. La peinture à l’huile et la gravure sur bois sont les mediums qu’il privilégie. Il observe les oeuvres de Joseph Sima, Ad Reinhardt, Robert Ryman… des oeuvres qui sont autant de défis à l’image. Ainsi, l’abstraction de Panchal n’a pas recours aux archétypes pop de la culture indienne, ni aux formes du tantrisme ou à d’autres totems.       

Ses tableaux déploient des compositions lumineuses et colorées où l’espace, porteur de formes en suspens, s’anime d’autres espaces aux consistances subtiles. Par des gestes attentifs, la peinture déposée par touches successives à la surface de la toile permet de donner à celle-ci une épaisseur, une forme de vibration. Les tableaux confèrent ainsi une profondeur à un jeu de surfaces traversées de lignes, d’échappées, où les espaces malgré leur partition semblent cohabiter dans une abstraction apaisée. L’artiste souhaitait selon ses mots « déranger l’espace, pour ne pas le déranger ».

Ses souvenirs d’enfance, son profond attachement aux couleurs, senteurs, saveurs et harmonies de la mère-patrie ont soutenu son long exil – cinquante ans de vie à l’occidentale – avant de s’éteindre au coeur de sa famille, sur la côte bretonne la veille de ses 86 ans.

Ines SPANIER

« In the Land of last things »

Exposition du 10 janvier au 4 février 2023

Vernissage mardi 10 janvier 2023 de 18h à 21h

www.ines-spanier.de

Margaux LELIEVRE

« Des cales pour les murs »

Exposition du 27 septembre au 22 octobre 2022

Vernissage mardi 27 septembre de 18h à 21h

Il existe une forme de minimalisme décontracté dans le travail de Margaux Lelièvre. Dans la répétition des formes, précise. Dans le questionnement du temps, dans certains gestes. Celui de l’écalage par exemple, qui revient régulièrement dans son travail, comme inversé, à la manière du kintsugi, pour reconstituer des noix, de différentes sortes. Inverser, encore, une peau de clémentine. Poser un objet fragile, en équilibre sur un autre, qui l’est tout autant. Elle joue, bien sûr, des tensions entre le visible et l’invisible, demande à ce que l’on cherche, un peu, à déceler des choses qui se seraient fondues dans le décor, invite le regardeur à une observation attentive, elle met dans l’équation la perception. Le lourd ne pèse plus rien, des pavés et des briques de ruban adhésif, une étagère en polystyrène, des socles de papier.
L’humour est une composante de son travail, il faut aussi le lire, tout comme l’intelligence et la poésie. Mais il y a une forme de résistance signifiante dans toutes ses installations. A l’instar d’un Claude Cattelain, balayant la jetée dans le fracas des vagues de la mer du Nord, Margaux résiste par la fragilité des choses, la légèreté et l’application à produire des gestes qui paraitraient inutiles à tant de personnes. Des gestes calmes, répétés, qui seraient proches d’une forme de méditation. Des gestes qui ne sont pas virtuoses car elle aborde des domaines trop variés (broderie, dessin, sculpture, gravure, pliage, bricolage etc.) mais ils sont tous d’une si grande application que l’on pourrait les qualifier de sincères.
Il y a en Chine, dans certains parcs publics, des calligraphes qui tracent leurs signes à l’eau sur la pierre, au soleil. Cette calligraphie éphémère et urbaine se nomme le Dishu. Le signe s’anime, se transforme jusqu’à disparaître le temps, rapide, du séchage. On comprend bien là, l’importance du geste. Pour autant, ces signes éphémères qui s’animent n’en sont pas moins oeuvres. Il y a de cela dans le travail de Margaux.
Des cales pour les murs, certainement, c’est le titre qu’elle a choisi, mais aussi des murs pour ses cales, qui méritent toute notre attention. 
Alexandre Leger
Septembre 2022

Margaux Lelièvre est née en 1990, elle vit et travaille à Paris.
Diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2019, elle est lauréate de plusieurs prix
dont celui du parcours Aparté 2021 pour lequel elle bénéficie d’une résidence de
recherche à la Fondation Thalie, à Bruxelles.

De Rendez-vous en Rendez-vous

Avec Julia DUPONT, Danaë MONSEIGNY, Jeanne RIMBERT

Exposition du 13 au 24 septembre 2022

Vernissage mardi 13 septembre de 18h à 21h

Julia DUPONT – Surfaces profondes #9 – 2020 – Tirage pigmentaire Fine Art sur papier mat Hahnemühle
30,6 x 42,6 cm
Danae MONSEIGNY – Ipso facto, 2022 – Coton et fil d’or – 28 x 34 x 6 cm
Jeanne RIMBERT – Sans titre – Pièces issues de l’installation « La cité des rêves perdus » – Grès rose émaillé, faïence blanche émaillée, plastique fondu, sacs plastiques, plâtre, mastic, peinture

Maximilien HAUCHECORNE

« Visions »

Exposition du 7 juin au 2 juillet 2022

Vernissage mardi 7 juin de 18h à 21h

Layout Maximilien Hauchecorne -V6

Où la lumière du jour se pose-t-elle quand personne ne regarde ? Pendant les périodes de confinement, la plupart d’entre nous ont eu l’occasion d’observer nos espaces domestiques à des moments où ils sont habituellement vides ; l’artiste Maximilien Hauchecorne, basé à Paris, a consciemment profité de ces moments pour explorer davantage l’ombre et la lumière. Une pratique méditative qu’il compare à la respiration, ses compositions reflètent une sensibilité transmise par la vibration organique, des lignes ininterrompues comme un acte de dévotion aux sens.

« Visions » invite le spectateur à partager ce voyage de la lumière à travers les espaces et sur les objets ; le sens métaphysique, une image mentale construite sur un état de méditation, inspiré par les «Scivias» d’Hildegard von Bingen, où elle appelait ses messages divins – ou visions – «les ombres de la lumière vivante». Tout comme le tourbillon Soufi est un acte physique de méditation et les mandalas bouddhistes une représentation de l’univers parfait, Maximilien Hauchecorne se tourne vers des processus trouvés dans le mysticisme pour les comparer à son mouvement répétitif et rythmique

Layout Maximilien Hauchecorne -V5

Utilisant l’encre de Chine et la plume, parfois sur un tirage cyanotype, les dessins de Maximilien Hauchecorne commencent par un noir intense, introduisant une géométrie raffinée sur le blanc du papier. L’aube commence par l’obscurité, et l’architecture déploie ainsi une intégration lente et régulière de la lumière, révélant des formes cylindriques aux formes elliptiques variées. Des couches successives de lignes tracées à main levée explorent une préoccupation pour le volume au-delà de ces seules formes, son corpus d’œuvres s’étendant sur une vaste échelle, de 180 cm à la largeur d’une paume. Les cahiers qui se déplient et se déplient à nouveau en une multitude de croquis du monde naturel, imitant la narration du flux de conscience rendue célèbre par «Mrs. Dalloway» de Virginia Woolf.

Dans les eaux-fortes, les vagues de l’océan sont représentées avec la douceur d’une plume, montant et descendant de la page comme une poitrine et un ventre remplis d’air. Ces paysages marins témoignent d’une pratique qui n’est pas confinée à la sécurité d’un environnement contrôlé, mais qui s’adapte et s’étend dans la poursuite de la maîtrise. Son raffinement artistique croît parallèlement à la profondeur spirituelle, manifestant un niveau de précision que l’on confond parfois (de manière quelque peu ironique) avec ce qui doit être généré par ordinateur.

Maximilien Hauchecorne fait un geste vers les irrégularités que la lumière projette dans son travail, des nuances et des motifs tissés dans les superpositions successives, qui sont indéniablement humaines. Inspiré par l’ouvrage « L’Éloge de l’Ombre » de Jun’ichiro Tanizaki, sa pratique témoigne d’une volonté de prendre conscience de la richesse de notre expérience quotidienne, si ces textures et transitions – de l’ombre à la lumière et inversement – peuvent être ressenties dans l’instant vécu.

Invitation_Hauchecorne_2022-06 V2

https://maximilienhauchecorne.com

maximilienhauch@gmail.com