Prix de la Galerie du Haut-Pavé pour la 68ème année de la Jeune Création
Exposition du 4 au 22 décembre 2018
Vernissage mardi 4 décembre de 18h à 21h
Les premières sculptures de Maxime Thoreau empruntent au réel.
Tout commence par une recherche d’images qui viennent constituer une base de données. Il vient ensuite puiser dans cette base de données afin de reproduire, par la sculpture, des objets techniques. C’est à dire des objets dont la forme n’est induite que par leur fonction. Il s’agît de s’intéresser à des formes qui ne sont pas la résultante d’une recherche esthétique que l’on peut retrouver dans les objets domestiques. Par l’utilisation d’une forme existante Maxime Thoreau cherche à se détacher de sa production, comme une sculpture anonyme, orpheline. Par un important travail sur la matière l’artiste se fait presque son propre artisan.
Depuis peu l’origine des formes employées est différente. Le duo «forme/fonction » est toujours présent mais un rapport à la fiction vient s’adjoindre au travail. Aux premières images d’objets techniques viennent s’ajouter les images des sculptures produites. C’est ainsi que des détails, des fragments de sculptures plus anciennes viennent se greffer sur les nouveaux objets produits. L’objet technique n’est plus seulement reproduis, il est parfois mimé, imité. L’artiste puise aussi dans l’univers du cinéma, notamment de science fiction. Dans des objets dont l’esthétique est résolument tournée vers un semblant d’utile: une fiction fonctionnelle ou bien une fonction fictionnelle?
«Rectangle Ballade» ce sont les mélodiescréees par les traits, les courbes etautres interventions graphiques et picturales sur des supports rectangulaires.
L’artiste propose pour cette exposition à la galerie du Haut-Pavé une immersion dans ses recherches : peintures grands formats, travaux sur papiers et interventions murales.
Il n’y a pas dans la pratique d’Henri Wagner de recherche de spécialisation.Le spectre des médiums utilisé est extrêmement large, nombre de papiers,de peintures en spray, d’encres, d’enduits, de mortiers et d’adhésifs élargis-sent le champ d’action graphique d’Henri Wagner, surtout quand ceux-ci sontcombinés avec une variété de supports allant bien au-delà du cadre et de latoile, tant qu’eux-mêmes apportent aussi un intérêt à l’applique de la matièrepicturale par le peintre.
Depuis un peu plus d’un an maintenant, Henri peint sur des plaques de verreet non, ce n’est pas le premier à le faire mais, il y a dans ses peintures un«vide ajouté», une conscience de l’invisible qui va au-delà de l’abstraction.Une attention toute particulière qui est portée au hasard et à la liberté dugeste, comme l’ont, à très juste titre, défendu de nombreux grands peintresavant lui, mais aussi une place grandissante, à l’effacement et au recouvre-ment qui prend ici toute sa mesure grâce au verre qui en est le support maisaussi le révélateur et sans qui nous n’aurions qu’un moins bel accès au gestedu peintre et ses recherches dans l’exploitation de la matière.
Peindre sur une vitre n’est pas pour lui un concept en soi, c’est la démarchequ’il utilise en ce moment pour montrer l’envers et le résultat d’une successiond’actions spontanées. Henri, construit, trace, passe et repasse plusieurscouches de matières en travaillant de façon intuitive mais non sans unecertaine hésitation.
Lorsqu’une partie de la surface peinte est trop construite ou trop chargée, ill’efface et laisse la marque de cet effacement visible. Ne pas masquer seserreurs et ses doutes permet à Henri de laisser la vitrerévélerplusieursstrates de réflexions lors de la construction de la peinture. D’autres couchesseront appliquées par la suite et les effacements, les grattages les doutes etles balayages, seront mis en lumière dans un effet d’inversion lorsque la vitresera finalement retournée pour être présentée non pas du coté peint mais deson côtéimmaculé.
Notre peintre ne se cache pas d’une inspiration urbaine manifeste, ses pein-tures à lui ne cachent rien et au contraire nous montrent les étapes et les hé-sitations qui deviennent elles aussi des motifs. Sûrement de façon inconscienteet parce qu’issu d’une génération noyée dans une accumulation«d’images à grande vitesse», nous ressentons dans les peintures d’HenriWagner, le besoin d’un retour au calme, où l’économie des traits, des formeset des couleurs tend vers un certain minimalismequi fait du bien parce qu’il n’occulte pas non plus les sources d’inspiration de l’artiste et son environnement urbain, ses terrains vagues, ses bâtiments abandonnés aux graffitisbruts portant avec eux la trace du passage du temps.
J’ai rencontré mon matériau de prédilection, la cire d’abeille, en même temps que le bronze il y a presque 10 ans aux Beaux-Arts du Mans. Fascinée par la présence sensible de cette matière à la fois couleur, odeur, lumière, reliquat de paysage, j’en voulais au bronze de la « perdre ».
Je l’ai donc ajoutée à ma palette de matières-couleurs et c’est elle qui m’a ouvert la voie vers la liberté de la sculpture que je ne cessais d’effleurer en me souciant de l’origine et des affections des matières que j’employais pour peindre. Et de simple entremetteuse, la cire d’abeille est devenue le matériau essentiel de mon travail.
À son tour, elle rencontre des pierres, des tasseaux et autres rebuts de bois d’atelier, des sols et des murs. Ces dernières sont touchées par sa chaleur mais la cire d’abeille est entière et ne peut s’empêcher d’aimer en brûlant, au moins lors des premiers instants de la rencontre.
Son amour est sans limite et se fait peau pour attraper tout sur son passage, la poussière des pierres, les nœuds et pigments de la surface du bois, les restes de peinture d’un mur. Aussi je guette la mue. Ce précis et précieux instant où elle se laisse déshabiller sans se briser.
À force de chercher la peau du monde, j’ai rencontré la mienne. Celle qui respire en touchant ou en étant touchée et s’émeut de l’hapticité des matières.
La peau est la première interface, le premier “écran”, entre l’être que nous sommes et le monde qui nous entoure, une barrière vulnérable théâtre de tous les conflits. C’est ce qui la rend à la fois forte, de candeur, d’exploration, et fragile, de vulnérabilité, de sensibilité.
La cire d’abeille seule ou accompagnée par d’autres matériaux est devenue ma seconde peau, celle qui guérit la première, fond avant la brûlure, nourrit le bois, amortit les angles rugueux et saillants du marbre brisé, donne corps et odeur à ce qui n’en a pas ou plus, réchauffe la pierre.
Le cheminement artistique dans lequel elle est engagée a souvent été irrigué par des images qui portent en elles leurs propres entités. Constituées de bribes visuelles évoquant des territoires, des paysages, des visions issues de sa propre histoire et des sentiers parcourus, elles s’imbriquent les unes aux autres pour constituer un flux narratif en mouvement constant et presque irrévocable.
La dimension choisie du paysage est d’une part celle relié aux sensations, aux éléments par l’expérience vécue des espaces habités et d’autre part celle de la représentation de mondes immatériels. Les œuvres proposent au visiteur une expérience de contemplation où il s’agit d’éprouver la durée d’une projection d’ordre intérieure.
Dans une mise en œuvre simple qui privilégie un geste minimal, presque radical elle invite à faire l’expérience immersive de l’écoute de la respiration, du vivant dans ces moindres manifestations par le biais de l’image vidéo ou dessinée.