L’exposition La hija del Sol fait allusion au pouvoir symbolique de l’énergie solaire, ainsi que la création de l’être humain. Avec cette exposition je souhaite aborder la vie et l’énergie solaire qui nous maintient en vie sur terre. Nous sommes tous enfants du Soleil, nous sommes tous des enfants de la Terre mère Pachamama. Cette année nous célébrons le retour du Soleil 5532 le nouvel an Aymara dans l’équinoxe d’hiver de l’hémisphère sud. Je souhaite célébrer ce retour du Soleil reconnaissante pour la vie, et, la joie et toute la lumière qu’il m’apporte. Avec cette exposition j’aimerais partager une métaphore qui entoure mon travail dans l’exposition. Maître des maîtres ; Tous les enfants du soleil sont appelés à partager tout leur apprentissage aux générations futures vers le chemin de la lumière. Répand toute ta lumière. C’est toi qui t’es choisi. C’est toi qui apportes l’énergie solaire.
« Ce qui se dilue, se dissout, chez Vogel Apacheta, c’est la forme. On devine ses sources picturales dans la végétation et les paysages de son pays natal ou d’ailleurs. Elles resurgissent sous forme de fragments qui auraient été déstructurés, déconstruits, par un dispositif semblable à celui d’un kaléidoscope, avec des effets de réflexions en miroir, des lignes de clivages, des pliages, des fausses symétries, des collages et des superpositions… Nous sommes ici dans un espace de pleine liberté, dans lequel la question de la figuration ou de la non-figuration ne se pose pas. Les peintures qui en résultent entrent ainsi en résonance avec un autre propos de Malraux qui écrivait : « Le conflit entre figuratifs et non-figuratifs n’a d’importance que par son enjeu, qui fut la liberté du peintre (Pollock commence à Olympia…), fût-elle la liberté de trouver de nouvelles figurations. On ne l’abandonnera pas de sitôt. »
Les formes, outre des réminiscences végétales, peuvent traduire graphiquement des itinéraires réels ou fantasmés, des éléments architecturaux, des objets de l’environnement quotidien, des petits riens sans importance empruntés à la vie de tous les jours, abordés de façon factuelle ou avec un brin de révolte ou de folie. La couleur, toujours très présente, explose et projette ces lignes et surfaces dans un espace mis en abyme, comme Yves Bonnefoy le déclare : « La couleur n’est-elle pas là pour jeter d’un coup toute sa profondeur dans le discours du tableau ? » Souvenirs de son enfance andine ou notes relevées dans l’espace urbain de l’Europe occidentale, mélange des deux ou effets de synesthésies, comme nous le verrons, tout est bon pour faire ressentir le chaud et le froid, la sous-jacence d’un geste incisif qui réveille, interpelle ou fait rêver le spectateur sans, pour autant, imposer une lecture ou une interprétation univoque. Interrogation d’un inconnu, celui de l’artiste et celui du regardeur… L’artiste, dans son enfance au pied des cimes, ne se posait-elle pas la question : qu’y a-t-il derrière la montagne ? Au regardeur de ses peintures de répondre… »
Extrait du texte de Louis Doucet, critique d’art, 2024
Vogel Apacheta, née en 1984 à La Paz (Bolivie), vit et travaille à Paris. Elle a effectué ses premières études d’art à l’Académie des Beaux-Arts Hernando Siles à La Paz, où elle s’est spécialisée dans le dessin, la peinture, et la gravure. En 2012 elle a été diplômée à l’École Supérieure des Beaux Arts TALM Le Mans où elle obtient le diplôme DNSEP ( diplôme national supérieur d’expression plastique) grade Master. Son travail a été présenté à la Biennale d’art SIART Bolivia dans jeune création en 2009, ainsi que en 2011. Son travail a été également exposé à La Tabacalera de Madrid 2018, et à Berlin, lors de sa première exposition personnelle à Galerie Tête (artist run space) 2020. En 2019 elle est invitée à participer à une exposition consacrée à la nouvelle génération de la peinture contemporaine bolivienne à la Fondation Simon I. Patiño à Santa Cruz de la Sierra en Bolivie, curatée par Maria Schneider.