Longjun ZHANG

« Entre ici et là »

Exposition du 10 mai au 4 juin 2022

Vernissage mardi 10 mai de 18h à 21h

Les thèmes chers à Longjun Zhang sont les paysages, les objets du quotidien, les hommes…

Un homme est affalé dans un fauteuil, deux autres se mettent nus, un autre est assis face à nous prenant appui sur ses coudes, d’autres s’étreignent. L’homme marque là le point de tangence du vide et de la stabilité. Leur irréciprocité, sauf un couple qui s’enlace, est génératrice d’interrogation presque de mystère.

Que font-ils ? Ils semblent évoluer sans nous remarquer, presque dans un vide marqué par la couleur ou plutôt la non-couleur – le noir, le gris, le blanc – qui permettent l’approfondissement du sujet sur la toile, même si le noir a la propriété d’en aggraver les formes. Les toiles se cherchent dans la confrontation de ces corps, dans le débat entre les diverses inhibitions et censures que l’homme s’attribue à lui-même. Des figures pourtant désirantes faites souvent à partir de photos prises sur internet.

Les paysages sont plus apaisés. À la première lecture, ces déserts où toute présence humaine est effacée jettent le trouble tant l’image picturale, par une puissance qui frappe le regard, garde ses distances avec un regardeur possible. Les couleurs souvent presque sourdes réagissent à l’intérieur de leur propre lumière aux limites d’un silence et d’un calme apaisant. L’usage de la brosse et de pinceaux de différentes tailles permet à la peinture de se déployer et de faire surgir des transparences et une cosmogonie écrite dans les ombres et les lumières.

À ces deux séries bien identifiées, s’ajoutent des toiles de petit format sur la thématique de la main. Dotées d’une grande puissance suggestive, elles traduisent l’expression des sentiments et de la pensée, rappelant que dans la pratique de la peinture occidentale et de la calligraphie chinoise que Longjun connaît bien, la main qui tient le pinceau est une mémoire sans paroles, une mémoire d’expérience, faite de transmission, et fondée sur une accumulation d’apprentissages et d’oublis.

Il ne faudrait pas croire que la peinture de Longjun Zhang n’est faite que d’ombres et de violence. À y regarder de plus près, le peintre fait surgir des formes où la charge émotionnelle est tellement forte qu’elle peut sembler parfois assourdissante. Elle est en tous cas éclairée par une pensée très pure et forte qui s’immerge dans les formes peintes. Ses toiles peuvent évoquer Munch, Goya, Manet, plus récemment Joan Mitchell ou Marlène Dumas que Longjun Zhang aime à citer comme ses maîtres mais elles ne répètent jamais aucun modèle. Ses tableaux nous happent et nous nous laissons baigner par cette peinture majestueusement déployée où il nous incite à entrer.

Françoise Docquiert

Après des études à l’université Jiaotong du Sud-Ouest en Chine et un master en Arts Plastiques à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Longjun Zhang vit et travaille à Aubervilliers.

zhanglongjun.6@gmail.com

www.longjunzhang.com